Dossier Harold Cole (1) Maurice Dechaumont.
D'autres références à Maurice DECHAUMONT seront probablement retrouvées dans d'autres dossiers archivés aux USA, au SHD de Vincennes ou de Caen, notamment ceux non encore consultés des personnes citées sur cette page. Elle est donc appelée à être modifiée.
Le document ci-dessous a été retrouvé dans le dossier 'French Helper" de Marie et Arthur DURIEZ qui habitaient Lezennes jusqu'en 1942. C'est chez eux que les premiers exemplaires du journal clandestin "LA VOIX DU NORD" furent imprimés et Marie DURIEZ fut l'une des personnes qui allaient porter les paquets à distribuer clandestinement. Dès lors que Nathalis DUMEZ, un des fondateurs du journal, caché chez eux, a été arrêté le 7 septembre 1942, les époux DURIEZ ont rapidement quitté le Nord pour le sud de la France et plus précisément à CASSIS où ils hébergèrent des aviateurs, amenés par la filière Pat O'Leary, dans une villa louée par cette filière d'évasion, "Villa des Pervenches". On les retrouve ensuite dans la Creuse, pris en charge par Marie Louise DISSARD de Toulouse qui avait repris la tête de la filière d'évasion après l'arrestation de son chef le Commandant GUERISSE (alors appelé Patrick O'Leary). Marie Louise DISSARD les cite dans les rapports d'après guerre établis à l'intention des services Alliés qui lui demandaient des informations sur les membres de son réseau. (Sources Fonds Françoise - Archives départementales de la Haute-Garonne : ".....Les CARPENTIER de leur vrai nom DURIEZ sont restés à MARSEILLE, puis dans la CREUSE. Je les ai fait vivre tout le temps de la guerre. Leur adresse : 5 Rue Sadi-Carnot à LEZENNES près de LILLE. Ce sont de braves gens, ils vous parleront de Thérèse [Thérèse BAUDOT DE ROUVILLE, appelée également Thérèse MARTIN infirmière à la Croix Rouge à Tourcoing en 1940] . Carpentier a aidé PATRICK ......". ). Une lettre signée de Pat O'Leary et envoyée aux autorités américaines ou anglaises, sans date mais probablement rédigée en 1946 , donne les précisions suivantes : "Monsieur et Madame Duriez s'étaient, jusqu'en octobre 1942, exclusivement occupés dans la région de Lille, de la diffusion du journal clandestin La Voix du Nord. Accidentellement, ils avaient porté aide à des aviateurs alliés. A ces occasions, ils avaient pris contact avec Jean DE LA OLLA. Après l'arrestation de Monsieur DUMEZ, directeur et rédacteur de la Voix du Nord, Monsieur et Madame DURIEZ, chez qui le journal était imprimé, prirent la fuite, et conduit par Jean DE LA OLLA, prirent contact avec moi à Marseille, en octobre 1942. Je les engageai dans mon organisation, sous le nom de Monsieur et Madame Carpentier. Ils s'installèrent d'abord à Cassis, dans une villa que j'y avais louée, et ensuite à Saint Raphaël, dans une autre villa. [...] Après mon arrestation, le 2 mars 1943; ils perdirent tout contact, mais furent retrouvés plus tard par Françoise, qui leur vint en aide......"
L'originalité de ce document réside dans le fait que la demande avait été faite auprès de services de la Police française qui auraient pu être contraints à aider à l'arrestation de ces personnes quelques années plus tôt . Maurice DECHAUMONT est le premier de la liste mais avec une date d'arrestation comportant une erreur importante pour l'année puisqu'il a été arrêté en décembre 1941 et non en 1942. De plus, très anecdotiquement, il ne peut avoir donné une aide à des militaires américains, sauf, potentiellement à d'éventuels volontaires de ce pays, engagés dans la R.A.F et abattus en France, comme William ASH, tombé le 24 mai 1942 près de Calais, donc à une date postérieure à l'arrestation de Maurice DECHAUMONT et ce, pour la raison suivante : suite à l'attaque de Pearl Harbour, les Etats-Unis déclarent la guerre au Japon le 8 décembre 1941. Par le jeu des alliances, l'Allemagne et l'Italie en font de même le 11 décembre 1941 vis à vis des Etats-Unis, avec, pour conséquence, l'arrivée de l'aviation américaine en Angleterre dès le début de l'année 1942. Aviation américaine qui ne devait devenir pleinement opérationnelle que le 17 août 1942 avec un premier bombardement effectué depuis le Nord-Est de l'Angleterre sur la gare de triage de ROUEN-SOTTEVILLE. Toutes les aides aux "Alliés", antérieures à cette date, sont donc presque exclusivement fournies aux soldats de l'armée britannique présents en France en 1940 ou aux aviateurs de la R.A.F majoritairement britanniques mais également canadiens, australiens, néo-zélandais, polonais, tchèques....
Ce document démontre également les très larges investigations faites par les Américains pour tenter de retrouver les personnes qui avaient aidé à l'exfiltration de leurs ressortissants. Ce fait est déjà bien connu mais, ce courrier de la Police Française en réponse à une demande américaine, est le premier de ce type rencontré dans les archives américaines consultées à ce jour. L'ensemble des personnes recherchées constituera, après de minutieuses enquêtes croisées, la liste des "FRENCH HELPERS". Enquêtes faites avec minutie puisque certaines personnes seront "blacklistés" en raison de suspicions de collaboration ou de dénonciation. Tous ces dossiers d'enquête sont désormais archivés à la N.A.R.A à Washington aux U.S.A.
Le second sur la liste, Jean DERVAUX a été homologué pour le réseau "VOIX DU NORD". Il a un dossier au SHD de Vincennes et serait né le 21 avril 1911 à Lille (* le document de la Police Française indique 1910) selon le site "Mémoire des Hommes". Il n'a pas été reconnu comme "French Helper".
Andrée Marie Antoinette DURIEZ épouse DUMEZ, selon le S.H.D de Vincennes, quatrième sur la liste, est née le 3 mai 1917 à Sains-en-Gohelle. Elle est homologuée pour le réseau PAT O'LEARY et a été probablement emprisonnée en raison de son homologation DIR retrouvée dans son dossier. Probablement la nièce d'Arthur et Marie DURIEZ, Andréa Marie Antoinette DURIEZ s'est mariée le 24 août 1946 avec Natalis Gustave François Pierre Corneille DUMEZ, cité ci-dessus et cinquième sur la liste ; il avait été élu Maire de BAILLEUL dans le Nord de 1920 à 1928. Andréa était la fille de Médard DURIEZ, houilleur, et de Marguerite BOULLINGUEZ, ménagère (Sources Archives départementales du Pas de Calais - Acte de Naissance n° 19 de 1917 à Sains-En-Gohelle - cote 3 E 737/17). Elle n'a pas été reconnue comme "French Helper".
Pour Pierre ou René DUANCE qui n'avait pas été retrouvé par la Police Française, il pourrait s'agir de Pierre Joseph Adrien DAWANCE retrouvé dans les listes du SHD de Vincennes. Né le 28 novembre 1924 à LILLE, il est homologué pour le réseau ALEXANDRE. Il est noté comme déporté résistant sur le site de "Mémoires des hommes" avec un dossier à Caen coté AC 21 P 629704. Arrêté le 24 juin 1944, il a été déporté à Mülheimn, Sachsenhausen, Kochendorf Kommando de Natzweiler puis à Dachau d'où il est rentré le 29 avril 1945 (Sources F.M.D Caen - Fondation pour la Mémoire de la Déportation). Comme c'est souvent le cas, il est dans le domaine du possible que le nom DUANCE retrouvé dans un rapport d'évasion ou de libération de prisonnier (Dossiers R.A.M.P), ait été quelque peu "transformé", "américanisé" par le militaire qui indiquait parfois la mention "phonetic spelling". Probable membre de la famille de Pierre DAWANCE, Didier DAWANCE, né le 13 décembre 1922 à Lille, a été homologué "F.F.I.". On ne retrouve que Léon DAWANCE, café des sports, à Melreux dans la province de Luxembourg en Belgique, dans la liste des "Belgian Helpers".
Le document ci-dessous a été retrouvé dans un document manuscrit d'Albert GUERISSE plus connu sous son pseudo de Résistant PAT O'LEARY. Après l'arrestation de Ian GARROW, il reprend la tête de la filière d'évasion, la structure de la Belgique, à la Bretagne en passant par le Sud-Ouest et le Sud-Est de la France et, à son retour de déportation, il liste les membres de son réseau avec quelques annotations.
Roland LEPERS, originaire de Wasquehal dans le Nord, souhaitait s'engager dans les Forces Françaises Libres et rejoindre Marseille en zone non occupée, dans un premier temps. Mesdames TISSERAND et VOGLIMACCI de La Madeleine près de Lille lui demandent alors d'emmener un aviateur de la R.A.F tombé près de Calais en mai 1940 : le Sgt PHILIPPS évadé d'un hôpital militaire de Lille.
Au culot, ils passent la ligne séparant la zone interdite et la zone occupée puis la ligne de démarcation pour arriver à Marseille en janvier 1941.
On lui dit alors qu'il serait plus utile en ramenant les soldats cachés dans le Nord mais surtout des aviateurs dont la R.A.F avait cruellement besoin. Il fit donc 13 voyages entre janvier et novembre 1941 entre les villes de Lille et de Marseille. C'est lors d'un de ces voyages qu'il amèna et présenta Harold COLE aux Officiers britanniques qui se chargeaient d'envoyer ensuite les évadés/échappés vers Gibraltar.
Après l'arrestation et le retournement d'Harold COLE par l'Abwehr de Lille en décembre 1941, la filière est détruite et Roland LEPERS, accompagné de Madeleine DAMERMENT (Fille du receveur des Postes de Marquette) sont contraints de se cacher à Tulle et passent ensuite les Pyrénées près de Banuyls avec les guides de Francisco PONZAN-VIDAL pour rejoindre Gibraltar et l'Angleterre.
A Londres, ils sont d'abord interrogés par les services secrets anglais et Roland LEPERS qui n'a pas abandonné l'idée de s'engager dans les Forces Françaises Libres va être interrogé par les services secrets français du B.C.R.A. Il deviendra pilote de bombardier dans les F.A.F.L. après une instruction au Canada. Madeleine et Roland se sépareront et Madeleine entrera dans le S.O.E anglais.
Le document ci-dessous est extrait de cet interrogatoire et Roland LEPERS cite Maurice DECHAUMONT.
Dans ce même interrogatoire, on retrouve également le nom d'une famille de Wambrechies : la famille GARDNER. Madame Germaine GARDNER, mariée à William James GARDNER (1886 - 1946), était née DELLIESSCHE. Les trois filles se prénommaient Marie-Louise, Suzette et Jacqueline. Contrainte de se cacher, elle s'était réfugiée avec ses filles chez Mr et Mme DAMERMENT à Marquette.
(L = Roland LEPERS - Paul = Harold COLE - Jean DUBOIS = Pseudo de James SMITH soldat écossais qui deviendra convoyeur)