Des nouvelles de Wambrechies 1914 1915 
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    Dans cette chronique des évènements qui se sont déroulés à Wambrechies pendant les premières années de la Grande Guerre, on pourra remarquer que certaines observations auraient pu être facilement classées comme actes d'espionnage par les Allemands si ceux-ci avaient trouvé les écrits de cette jeune fille. A au moins une occasion, elle raconte que l'Officier saxon qui logeait dans la maison familiale, aurait pu voir et ouvrir un de ses carnets, maladroitement oublié sur un meuble du salon. Fort heureusement et à son grand soulagement, il n'y a pas prêté attention. 

       On y trouve également les bruits, les rumeurs, les vraies et fausses nouvelles. 

     Le Fort du Vert Galant a visiblement été un lieu d'intense activité de stockage  et de mise en place d'un système défensif le ceinturant, assez important.  Que dire également sur l'importance de l'aviation dans ces premières années de guerre. Le mot "aéroplane" y revient très régulièrement. Utilisé pour les réglages d'artillerie avec un système de phares de couleur facilement observable depuis le sol par les civils des villes occupées mais aussi des soldats allemands , des combats entre avions y sont également décrits. 

       Les soldats allemands se sont  confiés aux civils des villes occupées. Incontestablement certaines informations n'auraient pas pu être portées à leur connaissance sans les confidences des militaires de l'armée impériale allemande. 
Crédit photo : collection Pierre Pennequin  - Le Fort du Vert Galant en avril 1915
Vendredi 16 octobre 1914 
…………. tous les hommes de Quesnoy se réunissent avant 6 heures, sur ordre de l'autorité allemande, devant l'église, munis d'une bêche pour aller creuser des tranchées. Le Maire est responsable des manquants et Mr Bodé s'affaire pour la municipalité. Vieillards qui ont des difficultés à marcher, hommes encore valides, escortés de soldats, tout le monde part creuser des tranchées vers Wambrechies autour de la ferme "Carette". Ils rentrent le soir exténués et ont reçu l'ordre d'être à nouveau présents le lendemain.

Lundi 19 octobre 1914 
…………. Deux escadrons du régiment qui stationne à Quesnoy sont à Wambrechies et Mr Catry loge des officiers. Le régiment est normalement basé à Grimma en Saxe près de Leipzig.......

Mardi 8 décembre 1914
.............Les Hussards sont partis en grande tenue tôt au Fort du Vert Galant en raison de la visite du Roi de Saxe.

Jeudi 14 janvier 1914
......Le dénommé Hanquart de Deulémont est condamné. Indirectement, sa femme fait basculer le choix des juges : "Il ne savait pas lire mais avait connaissance de l'affiche qui défendait de garder des armes chez soi sous peine de mort.". Le doyen va demander la grâce du prisonnier au général. L'accusé a été fusillé à 7 heures du matin au fort du Vert Galant. Durant l'après-midi, on juge une femme accusée d'espionnage.... 


 Samedi 16 janvier 1915
…….plus possible d'obtenir des passeports pour se rendre à Marcq, à Lille, à Wambrechies, à Roubaix, à Tourcoing....... 
 
Samedi 23 janvier 1915 
........A Wambrechies, des tranchées sont creusées près de Mr De Montigny, on y attend de l'artillerie...... 200 obus sont tombés sur Frelinghien qui compte 40 jours de bombardement. Passage de 4 aéroplanes allemands. On demande un photographe à l'ambulance pour photographier les blessés. Les photos sont envoyées aux familles. On voit Mr Delefortrie de Frelinghien sangloter, passé par Quesnoy car contraint d'évacuer vers Wambrechies.......
 
 Lundi 25 janvier 1915 
………On accompagne Mme Lebrun chez Mr Callens de Wambrechies. Elle sera conduite à Courrières avec sa voiture pour acheter du charbon. Mr et Mme Delefortrie, très tristes, sont à Wambrechies. Le 2d escadron de hussards est toujours à Wambrechies chez Mr Catry.…….. 

Samedi 30 janvier 1915 
........ Le soir, grand dîner chez Mme Catry à Wambrechies avec tous les officiers du régiment de hussards.....

Lundi 1er février 1915 
........ M. Catry de Wambrechies a compté 130 officiers logés chez lui depuis octobre (1914)  sans compter les ordonnances, les granges remplies de chevaux... 

Mardi 2 février 1915
.........canonnade et fusillade dans la nuit. Quelques coups de canon. 70 chariots avec 4 chevaux chacun chargés de bois et de gluyères sont vus du côté de Wambrechies conduits par de nombreux soldats. Beaucoup de ces attelages appartenaient à des Français........

.......On aurait mobilisé les lycéens allemands, un capitaine allemand à Tourcoing aurait rencontré son fils qu'il croyait au collège. Des femmes allemandes se seraient rendues à Roubaix pour protester contre ces enlèvements d'enfants. A la division jugement d'un civil accusé d'avoir gardé des armes chez lui. Il habite Wambrechies depuis deux ans et c'est sa femme qui est allée le dénoncer aux officiers (Monsieur BRAME qui habitait le hameau de la Tâche à Deulémont). Les gendarmes allemands ont trouvé un revolver chez lui. L'exécution aura lieu demain près de la briqueterie de Mr Delcourt. 8 hussards et deux sous-officiers feront partie du peloton d'exécution.

Mercredi 3 mars 1915 
.......Un aéroplane survole le moulin pendant de longs moments. Les Anglais voudraient-ils le détruire ? Il est pourtant vital pour Quesnoy. Des chariots remplis de bois et de bitume passent tantôt vers Warneton tantôt vers Wambrechies........
 
Jeudi 11 février 1915
..........Pas d'épidémie cet hiver, pas d'influenza. A Wambrechies, le docteur compte 7 à 8 visites par jour.........

Mercredi 15 février 1915
......Manoeuvre de la cavalerie à Wambrechies. 120 prisonniers anglais sont passés, dirigés vers Lille.

......Encore un civil prisonnier Mr Deldalle, fermier près du Vert Galant. Il est accusé d'avoir caché une carabine et du vin. C'est son domestique qui l'a dénoncé car Mr Deldalle lui avait annoncé qu'il ne pouvait plus lui donner ses gages pendant la guerre. Il s'est fâché et a déclaré aux soldats où l'arme était cachée....... 

Mardi 23 février 1915
........Sur la route de Lille près du Fort du Vert Galant, on fait de grands préparatifs. Nombreux fils à ronces tendues (barbelés), tranchées, meurtrières....

Mercredi 3 mars 1915
.......A Quesnoy, on a plus droit qu'à 330 g de pain par jour. A Wambrechies à 108 g. Les soldats lisent des nouvelles plus ou moins fausses dans les dépêches. Pas de journaux allemands aujourd'hui..... 

Lundi 8 mars 1915
.......Tous les jours, les habitants des localités voisines viennent supplier les boulangeries de leur donner du pain : Linselles, Wambrechies, Comines, Sainte Marguerite, Verlinghem n'ont que 108g par jour par habitant. Quesnoy a encore 330. Devant cette grande misère, les boulangers, dans le secret, leur donnent quelquefois du pain quand ils ont des cartes en trop.

Mercredi 10 mars 1915
.........Beaucoup d'embouteillages avec les voitures de munitions qui doivent se croiser. L'aéroplane était toujours au-dessus de Quesnoy. Lors de la détonation, une épaisse fumée emplissait l'air d'une odeur étouffante. Le train n'a pas pu aller plus loin que le fort du Vert Galant, les soldats auraient éprouvé le même malaise. Les obus auraient été remplis de poudre turpin. Les Hussards quittent Quesnoy pour le fort du Vert Galant car les Anglais attaquent sur toute la ligne et il faudra peut-être que les cavaliers partent dans les tranchées.....

Vendredi 12 mars 1915
.......Toute l'artillerie qui était à Quesnoy et au hameau du chien est partie. Les Uhlans sont aussi partis. Moins de soldats à Quesnoy. Les maisons Reuflet et Merveille sont fermées. Elles ont été occupées, c'est un immense désordre. Tout est cassé. On a comblé toutes les tranchées entre Quesnoy et Wambrechies. Il manque d'hommes du côté d'Ypres. Les Uhlans s'apprêtent à partir pour les tranchées. Ils ont reçu une hache, une bêche, des cisailles et une baïonnette.

Jeudi 18 mars 1915
On a monté le télégraphie sans fil et un poste observatoire chez Mr Duhas qui habite près du fort du Vert Galant ; il ne doit plus être en sécurité dans sa maison, hier une grenade a éclaté (un obus) non loin de chez lui.

Mardi 23 mars 1915
......Monsieur Cavle de Wambrechies vient d'apprendre la mort du plus jeune de ses fils. (CAVLE Edouard Louis - 127ème RI - 1026 recrutement de Lille - 12/02/1915 mort au Camp de la Courtine dans la Marne - né le 9 mars 1895 à Wambrechies - Maladie contractée au service) Parti comme évacué, il a été envoyé dans la Creuse, atteint d'une congestion pulmonaire, il fut soigné à l'hôpital où il est mort. Mr Cavle est vieilli de dix ans depuis plusieurs semaines. L'aîné de ses fils fait partie d'un régiment d'artillerie. Les Allemands ont toujours de grandes pertes d'hommes : 1 600 soldats sont enterrés au cimetière de Comines Belgique et 1 500 à Comines France...... 

Dimanche 28 mars 1915
.........On aurait établi la télégraphie sans fil sur l'église de Wambrechies........

Mardi 30 mars 1915
........Hier soir, nous avons entendu les mitrailleuses et la fusillade dans la direction du Fort du Vert Galant, nous avions cru d'abord à une attaque. Comme la fusillade n'avait duré que quelques minutes, nous avions supposé qu'une patrouille anglaise s'était avancée très près du fort. Nous apprenons ce matin que cette fusillade était tout simplement un exercice ...! Mr Doolaeghe est allé à Wambrechies ce matin, on dit que le hameau de Saint Chrysole et une rangée de maisons située près du "Chariot d'Or" vont être détruites au moyen de la dynamite. Les personnes qui habitent ces maisons doivent être évacuées pour le 7 avril. Déjà on commence le déménagement. C'est pitié de voir ces malheureux quitter leur maison pour ne plus y rentrer. Pourquoi tous ces travaux aux environs de Wambrechies, cette ville qui n'avait plus de troupes à loger depuis plusieurs mois est maintenant remplie de soldats. C'est à ne rien y comprendre. Le capitaine (Des Hussards Saxons) dit qu'on espérait la fin de la guerre pour le mois de mai, malheureusement maintenant il y a changement, il est très probable qu'elle durera jusqu'à l'automne. Serait-ce possible ? ......

Vendredi 2 avril 1915
.....Les Allemands continuent toujours leurs travaux de construction et de destruction; la cantine du fort du Vert Galant a été abattue, il y a quelque temps. Les Uhlans qui étaient à Lille sont maintenant dans les tranchées près de Messines. Les hussards s'attendent encore à partir pour aider l'infanterie qui fait défaut.......

Mardi 6 avril 1915
......Père qui est allé à Wambrechies dit que les habitants de St Chrysole et les personnes qui occupaient la rangée de maisons près du "Chariot d'Or", ont quitté leurs habitations; l'autorité allemande a demandé que ces maisons soient vides pour le 7 avril; on dit qu'on va les faire sauter à la dynamite; on veut dégarnir le rayon entre les forts de Bondues, Wambrechies et Verlinghem. Les ordonnances (du Capitaine des Hussards) disent qu'ils ne comprennent pas pourquoi on ferait sauter ces maisons. Si cette mesure de précaution est prise c'est que l'artillerie allemande recule! voilà leur   raisonnement; nous espérons que bientôt nous serons délivrés. Aux environs de Wambrechies, on tend encore beaucoup de fils à ronce, les civils allemands et les soldats travaillent aux tranchées avec activité. Chez Delespaul-Havez, fabriquant de chocolat, les marchandises livrées aux Allemandes s'élèvent à 1 million 1/2......

Jeudi 8 avril 1915
.......Vers 9 heures, le temps s'étant éclairci, nous avons vu passer un autre aéroplane, celui-ci planait très bas, il portait les deux croix des appareils allemands, on distinguait très bien les roues, l'hélice etc.....l'artillerie n'envoyait pas de shrapnells et laissait voler tranquillement l'aéroplane. Jamais nous n'avions vu de si près ce grand oiseau, il ne planait pas beaucoup plus haut que le clocher, il continua sa promenade au-dessus du fort. Tout à coup, l'artillerie allemande se met en activité et tire sur l'aéroplane. Ce dernier très bas a failli être démoli, bien vite il est remonté tandis que les shrapnells éclataient autour de lui. Que se passait-il donc ? L'artillerie allemande voyant que cette promenade de l'aviateur se prolongeait surtout dans la direction du fort, téléphona aux champs d'aviation, on lui répondit qu'aucun aéroplane allemand n'était sorti des hangars ce matin. C'était donc un piège, l'aviateur qui était là-bas au-dessus du fort du vert Galant c'est un anglais qui vient se rendre compte des forces allemandes. Voilà pourquoi, on lui envoie maintenant tant de shrapnells......

........Cet après-midi, nous sommes allées à Lille, quelle foule dans le tramway, ce voyage n'est vraiment pas agréable. Près du fort du Vert Galant, une équipe de 25 soldats a voulu monter; nous les avons vu grimper un peu partout sur les marchepieds, à l'arrière du tramway et jusqu'au-dessus de la plate-forme comme à l'impériale ! Ils sont vraiment extraordinaires ces Allemands chargés de colis, de roues de vélo etc......Ils escaladent les voitures du tramway en pleine marche sans qu'il arrive d'accidents. Ils entrent à l'intérieur avec de grands chiens.......... 

Vendredi 9 avril 1915
.........On dit que les Anglais ont fait sauter une mine. 150 Allemands auraient trouvé la mort près de Frelinghien. Pendant ce combat, un aéroplane anglais a survolé Quesnoy en planant au-dessus de la Division puis il s'est dirigé au-dessus du Fort du Vert Galant. Peu de temps après 12 grenades arrivaient dans les tranchées creusées près du fort, ont dit qu'il y a eu 250 soldats allemands tués. Ces obus sont passés au-dessus de Quesnoy.

Samedi 10 avril 1915
........La nuit dernière, va et vient continuel, les autos de la division passent et repassent à chaque instant, on profite des ténèbres pour faire partir les voitures de bagages etc... Plus de soldats au château ce matin, mais par ordre du général on vient enlever les meubles d'une chambre pour les transporter à Wambrechies où se trouve maintenant la Division (brasserie Guérin). Monsieur Pollet qui a la garde du château va s'en plaindre chez le commandant qui ne l'écoute pas, il n'a qu'à obéir au général de ne feront division. (Château Lepercq à Quesnoy sur Deûle)........

Lundi 12 avril 1915
......Un aéroplane anglais survole Quesnoy ce matin à 9 heures, dans la matinée sept grenades sont envoyées sur le fort du Vert Galant...... 

Mardi 13 avril 1915
........Dimanche dernier, le capitaine rencontrant un jeune homme de Quesnoy qui habite sur la route de Wambrechies crut qu’il avait découvert un espion. Il arrêta ce garçonnet et se mit à le fouiller minutieusement sans ne lui donner aucune explication.......

..........Les Allemands simuleraient une retraite, ce ne serait qu’un guet-apens, ils se réfugieraient dans les forts des environs, des pièges seraient tendus, les Anglais seraient faits prisonniers sans que Quesnoy soit bombardé. Une désagréable surprise est préparée pour nos troupes. Le château de Wambrechies (Château Clays) leur sera funeste, c’est là que les Allemands ont tendu leur piège !..... On dit que les Anglais et les Français vont se réunir quand ils s’avanceront sur Lille, nous verrions arriver d’abord les Hindous puis les Français et ensuite les Anglais.........

Jeudi 15 avril 1915
.........Le général de division est revenu à Quesnoy pour remercier du calme qui s’est toujours maintenu en ville durant ces longs 6 mois !..... Il a donné des bons pour les meubles enlevés du château de Mme Lepercq !.... Le général s’est installé à Wambrechies chez Mr Valois, notaire et non pas chez Mr Guérin comme on l’avait dit d’abord.

Vendredi 16 avril 1915
......Les Anglais envoient toujours des grenades aux environs du Vert Galant sur les tranchées creusées près du fort, 700 hommes auraient été tués par des grenades qui sont lancées sur ces travaux.......

Lundi 19 avril 1915
..........Un train est passé hier dans la soirée, comme il n’est plus signalé par des lanternes, nous entendons un faible cornet qui avertit le poste de l’arrivée du train. Dernièrement, à Wambrechies, un hussard du 2ème escadron qui était de poste près de la ligne de chemin de fer a été écrasé par un train. L’absence des lanternes a été la cause de cet accident.......

Mercredi 21 avril 1915
.......... Pour les obus, nous ne sommes pas plus préservés à Quesnoy que ne le sont les habitants de Frelinghien, Deulémont, Warneton. Pour Wambrechies, aucun danger, en ce moment du moins.........

Mardi 27 avril 1915
........Mr et Mme Delefortrie qui s’étaient réfugiés à Wambrechies sont partis comme évacués pour le midi. Ils ont offert la moitié de leur fortune pour rester à Wambrechies, les Allemands n’ont rien voulu entendre !....

Mercredi 28 avril 1915
............Ce matin, les hussards sont partis pour la manœuvre, grands exercices aux environs du Fort du Vert Galant, ils sont rentrés vers midi, le capitaine en tête, tous les hussards ont descendu de cheval à l’entrée de Quesnoy, le capitaine tenait son cheval par la bride comme un simple soldat !....

Vendredi 30 avril 1915
.........Les hussards sont partis aux tranchées pour la 1ère fois, 50 soldats de l’escadron du capitaine ont été désignés, les hussards de Wambrechies et Marcq sont passés eux aussi partant à Frelinghien dans les tranchées creusées dans les prés non loin de la Lys non loin de la maison de ma tante. L’infanterie se moque de la cavalerie appelée pour un service auquel elle n’est pas habituée....

Mercredi 5 mai 1915
.........Le capitaine est resté dans sa chambre toute la journée, le docteur du régiment, en ce moment à Wambrechies auquel on avait téléphoné de suite, est arrivé vers 2 heures. Les ordonnances assurent que leur officier n’a qu’une légère égratignure au bras et on appelle cela une blessure !....

Jeudi 6 mai 1915
......Ce matin, nous sommes éveillés par les gros canons allemands, les soldats disent qu’on bombarde Armentières, nous entendons les obus passer au-dessus de la maison, d’après le sifflement, ils doivent venir du fort du vert galant. (Direction de tir qui semble impossible – la ligne entre le Fort et Armentières ne passe pas par Quesnoy – Plus probablement du Hameau du Chien). ........ Cet après-midi, enterrement d’un hussard, aucun soldat ne se rend au cimetière, pas d’officiers !.... Les ordonnances disent que cela est révoltant, l’infanterie accompagne toujours ses morts jusqu’au cimetière ; nous voyons passer tous les jours la compagnie du soldat qu’on enterre, les fantassins sont chargés de couronnes et de fleurs, plusieurs officiers accompagnent le convoi. On enterre les hussards sans aucune cérémonie.

Jeudi 13 mai 1915
........Mr Bény arrive de Wambrechies pendant la grand’messe, il est tout étonné de voir encore la maison debout, il la croyait inhabitable, on avait dit à Wambrechies que nous comptions 2 000 frs de dégâts ; n’ayant pas obtenu de passe port pour Comines à la Kommandantur de Quesnoy, il vient demander conseil à père. Il nous apprend que les alliés avancent du côté d’Haubourdin. Les Hindous auraient tué une dizaine de civils français qui faisaient des tranchées pour les Allemands.

Mercredi 19 mai 1915
.....!.... Un journal allemand dit que les Anglais savent bien ce qui se passe ici, il annonce qu’un journal anglais relatait ce qui avait eu lieu à Quesnoy et cela quelques jours après l’incident, voici le passage « Le 40ème division qui était au château Lepercq a dû se réfugier chez Mr Valois à Wambrechies après l’explosion de nos grenades. » Ce journal anglais était bien renseigné, l’allemand en conclue que l’espionnage est bien fait; nous comprenons pourquoi l’ennemi est si méfiant, il deviendra sans doute plus que jamais.

 Vendredi 28 mai 1915
…….. arrive ce matin pour prévenir père que Mr Bruneau ne peut plus brasser. Cette nouvelle nous consterne, l’autorité allemande fait fermer toutes les brasseries de Quesnoy, plus de bière, plus de levure !.... La brasserie de Mr Catry est réquisitionnée pour Wambrechies. ……. 
 
Lundi 31 mai 1915
…….Père n’a pas pu avoir la levure de la brasserie Catry qui est cernée, la maison est entourée de soldats, on ne laisse plus sortir aucune marchandise de la brasserie. Mr Bruneau a dit que père devait réserver le peu de levure qu’il avait encore pour Quesnoy……. 

Dimanche 6 juin 1915
.... Nous venons d’apprendre que Mme Catry de Wambrechies est emmenée en prison sur l’ordre du capitaine des hussards qui loge chez elle depuis 7 mois. Serait-ce vrai ? Demain nous aurons sans doute quelques détails. Le soir, vers 6 heures, pendant le salut, on a vu passer plusieurs compagnies d’infanterie. Les soldats désarmés paraissaient exténués, couverts de poussière, les vêtements en désordre, ils avaient l’air d’avoir pris part à un combat et ressemblaient à des fuyards, l’absence d’armes avait fait croire à l’arrivée de prisonniers mais bientôt on reconnaissait l’uniforme que nous n’avons que trop vu ! Personne ne sait expliquer cette arrivée de troupes inattendues ou plutôt cette arrivée de quelques centaines d’hommes qui ne ressemblent plus à des soldats, on pourrait facilement croire à un campement de Bohémiens ! (Il s’agit de soldats allemands qui ont été désarmés, parfois revêtus avec des tenues blanches, en raison de leur refus de monter au combat. Ce que la France connaîtra en 1917, les troupes allemandes l’auront probablement connu dès 1915 dans le secteur d'Armentières dans le Nord de la France – Voir paragraphe du mardi 8 juin 1915)

Vendredi 4 juin 1915
.........17 soldats allemands se seraient jetés dans la Lys, les troupes sont fort découragées en ce moment. Les 104, 106, 134 régiments d’infanterie sont réunis en un seul, ces troupes décimées forment maintenant un régiment complet. Le 104 et le 106 n’avaient presque plus d’officiers, La Bassée leur a été très funeste. Nous voyons ce matin, passer un chariot rempli de cercueils vides, il prend la route de Wambrechies.
 
Lundi 7 juin 1915 
….Madame Catry est condamnée à 3 jours de prison et à une forte amende. Voici ce qui s’est passé : vendredi dernier, le capitaine des hussards qui loge chez elle, recevait bon nombre d’officiers. Le dîner se fit en grande cérémonie, on se servit du linge de table, des porcelaines, de la verrerie, de l’argenterie de Mme Catry. Samedi, pendant toute la journée, le personnel de la maison fut obligé de tout remettre en ordre. Mme Catry qui aidait ses domestiques remarqua qu’on avait cassé plusieurs pièces de son service de table sans cependant n’adresser aucune plainte. Dimanche matin, c'est-à-dire hier, le capitaine demande qu’on lui fasse un crème fouettée. Mme Catry répond qu’elle ne sait pas la faire et que sa cuisinière n’en a pas la recette, mais qu’elle veut bien lui servir une crème qu’elle a l’habitude de faire. L’officier exige ce qu’il a demandé et pas autre chose, il veut qu’on lui fasse cette crème d’après une recette allemande. Voyant que Mme Catry refuse, il la menace de la faire mettre en prison. Elle lui dit : « J’espère bien que vous ne seriez pas assez lâche pour faire emprisonner une mère de famille de 15 enfants !....... ». Fâché de tant d’audace et de fermeté, l’officier lui fit répéter cette phrase après quoi, il commanda à deux soldats de la garder à vue. Mme Catry est conduite dans la ferme Duhamel où elle passe quelques heures. L’officier voulait que Mme Catry fasse toilette pour se rendre près du général, elle refusa et sortit de chez elle en peignoir, chaussée de pantoufles. En cours de route, elle rencontre ses enfants qui reviennent de la procession, Melle Catry qui a pris part au cortège ne sait que penser en voyant sa mère entre deux soldats allemands. Les enfants se précipitent vers la prisonnière en sanglotant, ils réclament leur maman et veulent l’accompagner, ils demandent qu’on permette à leur mère de rentrer à la maison. Cette scène est déchirante, les soldats n’en sont pas attendris, du moins, ils ne veulent pas le paraître, les officiers les suivent en voiture !.... Mme Catry est en ce moment dans la prison de Wambrechies ; prévoyant qu’on allait demander une forte amende pour sa rançon, elle fit promettre à son mari de ne pas donner d’argent et préfère partir pour l’Allemagne. Le plus jeune des 15 enfants de Mme Catry n’a pas encore un an !.... Oui, il faut être lâche pour agir de la sorte. 
 

Dimanche 29 juillet 1915 
…. Les hussards sont toujours chez Mme Catry, cette dame évite de les rencontrer, depuis qu’elle a fait plusieurs jours de prison, Mme Catry ne parle jamais plus aux soldats. ……. 

Dimanche 1er août 1915
......A Wambrechies, il n’y a qu’une vingtaine de tombes allemandes et déjà un monument a été posé au cimetière, il est surmonté de l’aigle noir. Comment se fait-il qu’ici le monument n’est pas encore érigé, la place est déjà réservée, le chef d’œuvre n’est pas encore terminée !.....

Vendredi 13 août 1915
……Ce matin, Melle Catry (Wambrechies) (Madeleine - Gabrielle ou Marguerite ? ) est venue nous dire bonjour ; les Allemands ont pris à son père pour 50 000 frs de récoltes : blé, avoine etc. et le meilleur cheval de Mr Catry devient impropre au service parce qu’il manque de nourriture !..... Mr Catry n’a pas obtenu une gerbe de ses récoltes. Il a toujours chez lui le capitaine des hussards qui a fait condamner Madame à 5 jours de prison ! Il est toujours aussi aimable ! Melle Catry nous explique que sa mère n’a plus le droit d’adresser la parole aux officiers, elle doit éviter de les rencontrer. Ils ne veulent plus la trouver sur leur passage ! Et ils ne lui font qu’un seul reproche : celui d’être trop patriote. Pendant que Mme Catry était enfermée dans la prison de Wambrechies, son mari ne pouvait plus sortir du salon, un soldat armé gardait la porte. Comme personne ne pouvait pénétrer près de la prisonnière, Mr le Curé de Wambrechies a demandé au commandant la permission d’entrer dans la prison. Comme on lui répondait par un refus, Mr le Curé fit croire qu’il profitait de cette occasion pour ramener la prisonnière à de meilleurs sentiments. Qu’ayant abandonné ses pratiques religieuses, Mme Catry avait besoin de conseils, de calme ! Ce dernier mot sut faire changer la décision du commandant, Mr le Curé obtint la permission d’entrer dans la prison. Mme Catry n’a su qu’après, par quel moyen !...... Si le commandant avait su que Mme Catry est une des meilleures paroissiennes de Wambrechies !.... Hier, grand souper à la brasserie ; on a compté les bouteilles vides après le repas : 15 de champagne, 20 bouteilles de vin, et 30 de bière de Munich. Les officiers ont pris ensuite café et liqueurs !.... Commencé vers 6 heures, le repas dure assez longtemps, on y fait de la musique, vers 10 h (à peine a-t-on fini, qu’on recommence) les ordonnances servent le jambon. Puis on convertit le salon en salle de danse !.... Et la fête se prolonge jusqu’au matin. Le lendemain de pareils festins, les officiers sont malades, ils ne boivent que de l’eau !.... Melle Catry nous dit que ce matin le salon présentait un aspect lamentable, toutes les chaises étaient jetées pêle-mêle contre les murs, les ordonnances n’avaient même pas pris de desservir la table, ils l’avaient roulée dans un coin de la salle pour laisser le milieu pour les danseurs. Les verres renversés, les serviettes dont la plupart avaient été piétinées, la nappe remplie de tâches de vin, tout cela formait un désordre complet. Melle Catry n’a pu s’empêcher de dire à un lieutenant qui se trouvait dans cette salle quand elle y est entrée : « Mes parents ont donné de grandes réceptions dans ce salon, nous y avons reçu beaucoup de monde, nous y avons parfois dansé, mais jamais la salle n’a présenté le désordre de ce matin. ». L’officier lui ayant répondu : « En Allemagne, c’est l’habitude, c’est toujours ainsi le lendemain d’un grand repas. ». Melle Catry lui dit : « Vous voudriez me photographier, ce que je n’ai jamais voulu, ce ne serait pour vous qu’un souvenir éphémère. Ce que je vous conseille, c’est de prendre la photographie de cette salle, ce sera un souvenir de votre séjour en France ! ». Les officiers ayant félicité la bonne d’avoir aussi bien réussi leur cuisine, elle leur répondit : « Quand Mme recevait, si j’avais au moins quelque bénéfice, c’est ainsi que les invités me remerciaient. L’officier comprit et lui donna 10 francs. La bonne fit aussi remarquer que la vaisselle avait beaucoup souffert, ainsi que la verrerie. Melle Catry nous dit que sur 5 douzaines de verres en cristal, il en reste 2, 58 verres ont été cassés depuis l’arrivée des officiers, les deux qui restent sont ébréchés. Chez Mme Catry tout doit être à la disposition des officiers et ils ouvrent toutes les armoires et se servent de ce qui leur plaît ; ce qui est cassé est vite remplacé !.... Ils font transporter le piano d’une salle à l’autre. Comme les tentures les gênaient, ils les ont fait enlever, impossible de les retrouver, de même pour les rideaux. Ils dégarnissent les cheminées afin d’y poser boîtes de cigares etc. ; ils posent de grandes cartes sur tous les murs. De cette grande maison, Mme Catry ne peut disposer que d’une cuisine et d’un petit bureau sans compter les chambres qu’on n’a pas eu la méchanceté de leur enlever à cause des enfants, chez Mme Catry, il y a 4 bébés en dessous de 7 ans, avec les bonnes, ils sont 15 à dîner tous les jours. La même pièce sert de cuisine, salle à manger pour tout ce monde. Et le matin, c’est là qu’il faut habiller tous les enfants. Melle Catry dit que l’été est moins pénible que l’hiver ; alors les enfants peuvent sortir, le plus souvent, ils s’amusent dans le jardin. Mais l’hiver ! Quel ennui d’avoir une grande maison pendant la guerre !.... Quand on ne peut y loger que des Allemands. …… 

Mercredi 23 août 1915 
…... Vers 5 h, un aéroplane allemand est forcé d’atterrir près de la ferme Carrette  sur la route de Wambrechies (appelée ferme Dewasier en 1905). Il a été poursuivi par un anglais qui a su l’atteindre. Les deux aviateurs sont gravement blessés. Les civils qui sont arrivés avant les soldats près de l’aéroplane, ont très bien vus les officiers, l’un était blessé à la tête et l’autre près de l’épaule. Les Allemands sont accourus bien vite et ont fait reculer les civils, le capitaine des hussards qui loge chez Mr Catry, arrivé sur les lieux, n’eut rien de plus pressé que d’éloigner les civils présents et pour leur faire peur leur montrer son revolver disant qu’il tirerait si on ne s’éloignait pas au plus tôt. Les Allemands sont furieux quand les civils deviennent les témoins de leur défaite. Ils ne peuvent être que victorieux. Une personne qui était près de la ferme Carrette quand l’aéroplane a dû atterrir vient de nous donner ces détails. Les soldats nous disaient que c’était l’aéroplane anglais qui était atteint, nous ne l’avions pas cru car quelques minutes après, notre allié revenait sur Quesnoy tandis que l’artillerie allemande s’acharnait contre lui. …. 

Mardi 22 juin 1915
........Près de Wambrechies, un hussard saute sur la voiture avant que père s’en aperçoive, d’abord ce soldat qui a la carabine en main est d’une agilité surprenante, près de la gare de Wambrechies au tournant de la route, il descend de la même façon, une auto que le soldat n’a pas aperçue arrive de Lille à toute vitesse. Le hussard fut renversé mais pas blessé, son colback a roulé sous l’auto ; les officiers se sont fâchés de l’imprudence du soldat.

........Hier, un hussard du 1er escadron s’est suicidé à Wambrechies. N’ayant pas obtenu un avancement qu’on lui avait promis ce soldat s’est donné un coup de revolver.

Vendredi 25 juin 1915
......Grands troubles à Tourcoing, les fabricants refusent de s’occuper de la fabrication des sacs de toile qui doivent préserver les Allemands dans les tranchées. Mr Edouard Motte, maire de Tourcoing, est mis en prison depuis mardi ; il s’attend à être conduit prochainement en Allemagne. Les ouvrières de Tourcoing refusent de s’occuper de la confection des sacs. On dit qu’à Quesnoy, on va aussi refuser de faire ce travail ; on devrait rentrer à 5 heures et on nous empêcherait de sortir de la ville. Il est déjà décidé que 8 personnes seulement peuvent encore aller à Lille à tour de rôle, elles iraient faire leurs courses accompagnées d’un soldat et devraient accepter les commissions de tous les commerçants de Quesnoy.

......Père a rencontré à Wambrechies, l’ordonnance du capitaine des hussards, il accompagne l’officier qui est venu trouver le docteur, le capitaine va demander un mois de congé pour raison de santé et ira passer ce temps en Allemagne !.....

Mercredi 30 juin 1915
.......Il parait qu’à Linselles, on refuse de faire des sacs, 200 femmes seraient prisonnières. Enfermées dans une salle et souffrant de la chaleur, elles auraient découpé un carreau de vitre, on l’aurait remplacé par des planches !.... Les Linsellois refusent de payer la contribution de guerre.
A Wambrechies, toutes les ouvrières désignées auraient refusé de travailler à la confection des sacs, une femme ennuyée de rester si longtemps sans rien faire aurait commencé le travail, ses compagnes l’auraient injuriée en lui tirant les cheveux. A Wambrechies, on a pris aussi des otages parmi lesquels Mr le Curé et Mr Le Vicaire, Mr Cavle ayant été désigné, son fils l’a remplacé, ce matin, on est allé chercher le père, vieillard de 84 ans, sans donner la liberté au fils..... 

Vendredi 2 juillet 1915
......Les otages n’étaient pas considérés comme prisonniers, ils n’ont pas eu à subir les privations et les mauvais traitements dont les ouvrières ont été les victimes. Wambrechies a aussi cédé, l’ouvrage a été repris. Linselles résiste. Ce matin, défense de parler dans les rues de Quesnoy, les soldats font circuler tout le monde. A peine peut-on dire bonjour à son voisin, c’est le régime de la terreur, l’ennemi veut nous faire céder...... 

Dimanche 4 juillet 1915
........Le commandant, avec froideur, avait répondu : « C’est bien, on agira en conséquence ! », puis il écrivit au général lui expliquant la situation. Sur ces entrefaites, Mr Callens arrive de Wambrechies et apprend à Mr Bruneau que la population a dû céder devant la cruauté allemande. On avait lié les ouvrières aux machines à coudre, les pauvres femmes étaient de vraies martyres, plusieurs portent les marques des coups qu’elles ont reçues. La situation n’étant plus tenable, on prit le conseil d’un avocat qui déclara qu’en pareil cas, il était permis de céder. C’est une question de vie ou de mort. Que faire ? Quesnoy doit-il céder ? Après avoir consulté plusieurs grandes personnalités de Lille, qui, toutes ont déclaré la situation intenable, Mr Bruneau était encore indécis, ce qu’on lui raconte de Wambrechies lui fait comprendre qu’il n’y a plus à hésiter, vu les circonstances, on ne pourra pas nous faire aucun reproche, on nous a forcés de reprendre le travail des sacs.

Samedi 24 juillet 1915
.......En cours de route, on nous dit aussi que Mr Vandenbossche de Wambrechies est emmené en Allemagne, on l’accuse d’espionnage. Sa jeune fille a été arrêtée et conduite à Lille où on l’a interrogée puis elle a été remise en liberté. Quand nous arrivons près du fort du Vert Galant, le tramway s’arrête, la voie n’est pas libre. On décharge des sacs de sable et des rouleaux de carton bitumé, il faut attendre qu’un tramway arrive de Lille, celui qui nous a conduit jusqu’ici reprendra la route de Quesnoy, les voyageurs changeront de voiture. On fait toujours de grands travaux près du fort, beaucoup de matériaux sont déposés non loin des tranchées. C’est par centaines qu’il faut compter les rouleaux de treillis, de fil de fer, de carton bitumé. Et le bois, les sommiers de fer !..... Plusieurs centaines d’ouvriers travaillent dans ces tranchées, la plupart des civils allemands, on y voit malheureusement quelques français tentés par le gain. De loin, on croit voir de grands chantiers, les ouvriers déchargent les matériaux, d’autres scient des poutres, on entend le bruit de la ferraille. Beaucoup de ces hommes sont occupés à creuser des tranchées. Comme le tramway s’est arrêté, nous pouvons examiner les environs du fort. Comme l’ennemi s’y met en sécurité. Partout des tranchées, les prairies et les champs en sont entourées ainsi que les fermes. Par ci par là, un champ semble épargné, il est couvert de blé ou d’avoine mais entre les épis, on voit des fils à ronces tendus et entrecroisés, on a semé après avoir couvert une grande partie du champ de ronces artificielles (barbelés). Cruelles épines qui doivent faire tomber nos soldats. Partout des pièges, c’est à souhaiter que nos troupes n’avancent pas de ce côté. Nous avons vu les tranchées de très près, ces longs couloirs étroits communiquent entre eux, on voit de nombreuses ouvertures qui doivent servir à passer les carabines, par terre, c’est un plancher très bien fait, tout a été combiné. En voyant une de ces tranchées, on se rend bien compte que les soldats y sont en sécurité. Cela explique la durée de cette guerre. Les soldats nous le disent : « à cause des tranchées, la guerre peut durer plusieurs années ». La situation actuelle peut rester inchangée longtemps encore. Enfin le tramway que nous attendons arrive, nous changeons de voiture et continuons notre route vers Lille. Dans les fermes autour du fort, nous voyons de nombreux soldats d’artillerie qui promènent ou font courir leurs chevaux, ils doivent les fatiguer, ils n’ont rien à faire !.... A Wambrechies, ce n’est pas la guerre, aucune maison détruite, pas de vitres brisées, dans les rues, on ne voit pas beaucoup de soldats. Quelle différence avec Quesnoy !....

Mercredi 28 juillet 1915
.......Les Anglais ont envoyé plusieurs grenades sur le fort du Vert Galant.
Crédit photo : collection Pierre Pennequin  - Le Cercle des Combattants près du calvaire entre 1914 et 1918
Crédit photo : collection Pierre Pennequin 
Sources: Carnets de guerre de Claire Doolaeghe