Les bons voisins de la rue du Beau Rang
Les voisins de la famille Doolaeghe dans la rue du Beau-Rang sont les Fauvarque, négociants en vins. L'un des fils habite rue de l'hospice et le second, rue du Château..
Au numéro 13 de la rue du Beau-Rang, vivaient
. Sources: Archives municipales de Quesnoy - Dénombrement de 1911
La rue du Beau Rang - photo prise depuis la rue de l'Hospice - La flèche indique le numéro 13. Sources: Archives municipales de Quesnoy - Fonds Léontine Lebrun
Les petites filles à gauche de la photo qui se dirigent vers le porche de la première maison pourraient être les enfants de la famille Doolaeghe.
La rue du Beau Rang - photo prise depuis la place de l'église - La flèche indique le numéro 13. Sources: Archives municipales de Quesnoy - Fonds Léontine Lebrun
Sources: archives départementales du Nord 
Au numéro 4 de la rue de l'Hospice, vivaient
Gervais Fauvarque, négociant en vins chez G.Fauvarque & Fils, était l'aîné de Mr et Mme Gervais Fauvarque-Cordonnier de la rue du Beau-Rang
Au numéro 15 de la rue du Château, vivaient
Michel Fauvarque, le cadet, était  également négociant en vins chez G.Fauvarque & Fils
Dans Quesnoy sur Deûle  occupée par l'armée impériale allemande, à quelques kilomètres du front, le bruit du canon se fait régulièrement et sourdement entendre, Les soldats  couchent chez l'habitant. On compte régulièrement autant d'habitants que de soldats. On y soigne les blessés qui se comptent par centaines. On y enterre aussi et Il faut agrandir le cimetière tant il y a de morts. 

De terribles combats à Ypres, La Bassée, Prémesques, Givenchy des régiments cantonnés à Quesnoy  amèneront l'horreur dans cette petite ville où les soldats venaient se reposer après les terribles journées passées  dans les tranchées, à combattre parfois à la baïonnette, de nuit, à la lueur des projecteurs. Quelques-uns se suicideront, d'autres se mutineront pendant que les officiers aristocrates chassaient à Verlinghem ou au hameau de la Houlette à Frelinghien. Les terribles combats contre les Hindous hanteront les nuits de nombreux soldats allemands et ils en parleront régulièrement à la population.   On prenait alors en charge les blessés en lambeaux. Certaines  nuits, les Quesnoysiens entendaient , les cris et les hurlements des hommes qui passaient à l'attaque à plus de dix kilomètres de là. Il fallait  y ajouter le bruit incessant  de la canonnade et des mitrailleuses qui crépitaient.  Ces nuits-là, l'horizon était en feu.

Malgré les pillages, les interdictions de circulation, les difficultés d'approvisionnement, le manque de pain, de viande, le manque de tout, les bombardements des canons anglais, l'absence d'êtres chers, les gens continuaient à  vivre  et s'entraidaient. Pourtant leur vie avait été totalement bouleversée et le désespoir guettait. Les nouvelles des mobilisés étaient très peu et trop peu nombreuses et on apprenait incidemment qu'un ancien voisin avait été tué neuf mois plus tôt. Les Allemands veillaient aussi à ce que les lettres n'arrivent pas et punissaient sévèrement ceux qui ne respectaient pas les "lois" imposées par le commandant de place. L'angoisse de ne pas savoir décuplait parfois le désespoir.

La maison de la famille Fauvarque est voisine de celle de la famille Doolaeghe. Claire, dans ses écrits, va nous montrer tout l'attachement qu'elle a eu pour ses voisins et leur belle-fille. Elle écrira leur nom de famille plus de soixante-dix fois, parfois même plusieurs fois dans une même journée. 

Parler, aider ses voisins était un refuge moral essentiel dans ces familles profondément catholiques où Le Doyen  peinait parfois à amener du réconfort moral à ses paroissiens. L'église Saint Michel  se transformera le temps d'un office  en temple ou en synagogue. Tout refus d'acceptation du Doyen aurait vu le lieu de culte se transformer en écurie.

Et puis, il y aura cette  journée du mercredi 14 juillet 1915 où tout va basculer. La famille Fauvarque va quitter Quesnoy après de terribles bombardements. Claire en sera visiblement peinée.

De ces quelques passages,  outre les  tragiques évènements qu'on découvrira,  juillet 1915 verra émerger, pour les voisins de la rue du Beau Rang, un esprit de coopération et de partage hors du commun.  Les barrières sociales bien présentes au début du conflit  tomberont alors les unes après les autres.

Mardi 20 octobre 1914
Pillage des maisons de Mme Callewaert Mme Ficheux, Mme Berther, Mrs Lesse et Dervaux. Beaucoup de blessés graves chez les demoiselles Joire : amputations de bras, de jambes. Pillage également de la maison de Mme Fauvarque. (Rue de l'Hospice, actuellement rue Foch)
Mercredi 21 octobre 1914
On a volé 25 000 francs de champagne chez Mme Fauvarque. Elle se rend chez le Général dans la maison de Mme Lepercq Gruyelle (Dans le virage de la rue de l'Hospice vers le hameau de la Justice). Un officier retourne avec elle dans son magasin mais ne peut arrêter le pillage car l'officier qui commande les soldats est plus gradé que lui. La population est lasse de ces pillages. Un soldat ivre qui sort du magasin laisse tomber une plaque d'un soldat français natif de Douai.
Dimanche 25 octobre 1914
Grand office protestant à l'église. Des soldats s'enivrent dans la rue avec le vin volé chez Mme Fauvarque.... 
Samedi 9 janvier 1915
Mme Fauvarque est effrayée : des soldats l'ont prévenu, ils craignent un bombardement de Quesnoy. On demande à évacuer Mmes Gervais et Michel avec leurs jeunes enfants. Trop dangereux avec les obus. Seule, Mme Michel part en tramway à Fives. Chez Mr Delepierre (ferme rue de l'Hospice), les soldats parlent aussi du bombardement ...
Samedi 16 janvier 1915
.... Mme Gervais Fauvarque a enfin reçu des nouvelles de son mari qui avait rencontré Mr Michel à Boulogne.....
Mercredi 20 janvier 1915
....Mr Fauvarque (au 3 de la rue Belle-Croix), fermier, a vendu une partie de son champ à la municipalité pour agrandir le cimetière....
Jeudi 28 janvier 1915
.......Avec les nombreux passages de convois, il faut de nombreux ouvriers pour entretenir les chaussées. Mme Fauvarque est contrainte de loger 4 nouveaux officiers. Ses nombreux petits enfants doivent désormais occuper le grenier. Quesnoy est sans charbon. Mme Lebrun est allé à Courrières après bien des ennuis et elle a fait expédier plusieurs wagons de charbon.....
Jeudi 28 janvier 1915
Mme Fauvarque dispose de très bonnes caves voûtées susceptibles de se protéger contre les bombardements. Vers 7 h et demi le soir, canonnade épouvantable. Du grenier de la maison de Mme D'Halluin, on peut assister aux combats, les vitres tremblaient et les portes battaient. Par moments, le ciel devenait de feu lors de l'éclatement des obus. On entend très bien le sifflement des obus tirés par les canons allemands. On voit aussi les phares qui illuminent les combats. Les canons anglais tonnaient aussi. Puis ce fut la fusillade et les mitrailleuses et les combats à la baïonnette. Les canons anglais tiraient sur Prémesques.
Lundi 8 février 1915
.......4 obus sont tombés dans le jardin de Mme Loingeville. Dans la pelouse, on voit des trous énormes. Des arbres sont déracinés, toutes les vitres du château sont brisées. La propriétaire, ses enfants et les officiers qu'elle loge avaient réussi à se réfugier dans la cave. Voyant que le château (La Division) était visé, les officiers forcèrent Mme Loingeville et ses filles à quitter leur maison pour celle de Mme Fauvarque pendant que les obus continuaient à éclater. Des obus sont tombés aussi entre la brasserie et la rue du Beau Rang. Le mur du jardin de l'Hospice a reçu des éclats. L'incendie a fortement endommagé une petite maison près de la Deûle habitait par un nommé Thibaut. La toiture est partie et les soldats en éteignant l'incendie ont découvert entres les planches du grenier et le plafond deux petites carabines et une centaine de balles allemandes..... (Monsieur Thibaut sera arrêté, jugé, condamné à mort et fusillé. Son nom est sur le monument aux morts de la commune)
Mardi 9 mars 1915
Chez Mme Fauvarque, on assiste à la rencontre de deux frères qui ne s'étaient pas vu depuis le début de la guerre.
Jeudi 11 mars 1915
Les soldats mettent en pièces les armoires de la boucherie Fertin pour en faire du feu. Chez Mme Gervais Fauvarque on brûle les chaises de Mme Lepercq.
Jeudi 25 mars 1915
Les officiers qui logent chez Mme Gervais Fauvarque Richebé sont occupés à arranger le jardin, après avoir bêché, ils ont agrandi les massifs et y ont planté fleurs et arbustes. Ils viennent de dépaver la cuisine pour réparer une conduite d'eau, au salon ils ont remplacé plusieurs tulipes d'un lustre qui avaient été brisées par leurs prédécesseurs. Ces officiers sont arrivés chez Mme Fauvarque, samedi après-midi. Ils occupent toutes les chambres et ont procuré un lit pour les bonnes qui se sont réfugiées forcément dans le grenier. A Mme Gervais qui avait la bonté de leur apporter une nappe, ils ont fait remarquer que les officiers ne se servaient pas de linge de table rouge et blanc et qu'ils préféraient une nappe blanche. La maîtresse de maison a eu la bonne idée de leur répondre : " Vous m'étonnez, le prince de Bavière s'en est bien contenté ! ....".
Dimanche 28 mars 1915
Chez Mme Gervais Fauvarque Richebé, les 11 officiers ont fait construire des lits superposés comme ceux qu'on voit chez les mariniers. Ils ont frappé des clous dans la salle à manger pour y prendre les mors et les guides de leurs chevaux. Un des officiers prenait déjà son bain ce matin ou plutôt la nuit dernière à 2 h.
Lundi 29 mars 1915
Chez Mme Gervais Fauvarque les officiers font installer l'électricité pour le chauffage de la salle de bains (où se trouve la centrale ? ). Melle Delepierre a retrouvé une table de 200 frs qui avait été prise chez elle par des soldats. Ceux-ci l'avaient d'abord transportée chez les demoiselles Lemahieu et de là elle avait été conduite chez Mme Vandermeersch. Ce sont les officiers qui font ainsi transporter les meubles d'une maison à l'autre.
Jeudi 8 avril 1915
On attend encore des troupes de renfort, 1 bataillon ou 1 200 soldats arrivent pour loger. Où va-t-on les caser ? Dans presque toutes les maisons, il y a déjà quantité de soldats. Chez Mme Fauvarque dans les magasins maintenant vides, on a remisé plusieurs autos, les chauffeurs qui passent la nuit dans leurs voitures sont dans la cuisine pendant la journée; on y voit quelquefois 6 ou 7 soldats. Nous avons la chance d'avoir un capitaine qui veut être seul, combien de soldats aurions-nous ici ?
Samedi 10 avril 1915
Chez Mme Gervais Fauvarque Richebé, un soldat étant ivre, s'amusait avec son revolver, comme on disait que ce n'était pas prudent, il le remit en poche mais maladroitement, une balle lui a traversé le pied entrant ensuite dans le plancher. Ce soldat qui faisait partie de la division n'a pu suivre ses camarades.
Mercredi 14 avril 1915
L’ennemi se fait détester chaque jour davantage, il pille et détruit plus que jamais. Nous venons d’apprendre que le piano de Mme Gervais Fauvarque Richebé vient d’être enlevé, les officiers d’artillerie qui faisaient transporter ce meuble dans une maison qu’ils occupent au-dessus de la gare avaient un papier signé du commandant de place. La bonne de Mme Fauvarque étant allée à la Kommandantur, il lui fut répondu : « Je sais ce qui se passe, c’est moi qui ai signé le feuille de réquisition. ». Mme Fauvarque avait l’occasion de rencontrer très souvent le commandant de place chez Mr Bruneau, elle ne s’attendait pas à pareil acte signé de sa main !....
Dimanche 9 mai 1915
Après nous avoir dit cette phrase peu rassurante le capitaine est descendu pour voir la cave, il la trouve très solide et bien protégée par les bâtiments des magasins de Mr Fauvarque, il assure que nous y serons en sécurité. On craint donc un bombardement pour cette nuit. Cela doit être terrible !
Lundi 10 mai 1915
La journée de dimanche a mis 50 soldats hors de combat, 23 ont succombé à leurs blessures après avoir été conduits à l’ambulance. Aujourd’hui, on a enterré 12 qui avaient été blessés ou tués hier. La famille Philippe est allée se réfugier chez Mr Gervais Fauvarque Richebé, leur maison n’est vraiment plus habitable.
Dimanche 16 mai 1915
Chaque adulte a droit à une ½ livre de pain par jour, des cartes distribuées dans toutes les familles indiquent le nombre de personnes logées dans la même maison. Munis de cette carte et des tickets qu’on est allé acheter aux bureaux indiqués, on aura enfin du pain blanc ?.... Tous ces détails sont donnés à l’église pour plus de facilité. Les pains seront distribués dans les magasins de Mr Fauvarque où chaque boulanger a ses rayons, il sera servi par des demoiselles. Il y a 2 sortes de cartes : grises ou roses ont leur jour et leur heure indiqué.
Lundi 17 mai 1915
Pour la première fois, nous avons mangé du pain fait avec de la farine d’Amérique. La distribution a lieu chaque matin de 7 h à 11 h dans les magasins de Mr Fauvarque, aujourd’hui, il y a eu quelques discussions entre les boulangers, on aurait dû faire distribuer le pain par des personnes étrangères au métier.
Lundi 7 juin 1915
Aujourd’hui, première distribution des denrées américaines déposées au comité d’alimentation dans les magasins de Mr Fauvarque. Quelle cohue ce matin après avoir distribué le pain, on a pu satisfaire, non sans peine, les nombreuses personnes qui demandaient : lait, riz, haricots, margarine, on a dû réduire les rations proportionnellement à la quantité de denrées qui se trouve en magasin, on n’a donc reçu que le cinquième de ce qui avait été promis, donc 1 ration pour 5 personnes !
Vendredi 25  juin 1915
Nous apprenons la mort de Mr Richebé, le père de Mme Gervais Fauvarque, nous sommes fort émotionnés, Mr Richebé (Emile Charles Richebé 29/11/1856 - 25/06/1915) n’était pas souffrant, il y a quelques jours, il est mort presque subitement. Hier matin, il assistait à une réunion du conseil à Lille, rentré chez lui vers 10 h, il a des vomissements à la suite desquels il souffre de violents maux de tête, le docteur qu’on a fait appeler, déclare que son état est très grave, Mr Richebé s’est rompu une veine lors des vomissements ; il souffre beaucoup pendant plusieurs heures et meurt vers le soir. Victime de la guerre ! Sa santé était moins bonne depuis quelque temps, membre du conseil municipal (de Lille), il avait été pris comme otage dès le début d’octobre et devait se rendre à la citadelle plusieurs fois par semaine et y passer la nuit. Tout a été réquisitionné dans sa brasserie, la semaine dernière, on lui a pris son dernier cheval. Comme la ville de Lille refusait de faire des sacs, on avait repris des otages. Mr Richebé devait encore se rendre à la citadelle hier soir. Et ses enfants sont au loin ! Que de deuils inconnus pendant cette guerre affreuse. Ceux qui partent pour le ciel sont les plus heureux, ici tout est souffrance, angoisse, privations. Si la France a ses héros, elle a aussi besoin de victimes, Mr Richebé est une de ces âmes d’élite qui a su faire généreusement le sacrifice de sa vie pour le salut de la patrie !  (De nombreuses personnes de la région furent prises en otages pendant les grèves qui ont eu lieu pendant cette période : les ouvrières, couturières des usines du secteur ont arrêté la confection de sacs de tranchée. Elles ont fait prévaloir un article de la convention de La Haye qui permettait à la population de refuser des travaux propres à mettre en danger leurs propres soldats. Les Allemands ne l'ont pas entendu de cette oreille et ont fait régner la terreur dans les villes touchées par les grèves dont Quesnoy) 
Dimanche 16 mai 1915
....père ne veut pas prendre de nourriture. Pour combien de temps sont-ils partis ? Quel triste départ, Henriette et Roger pleurent, nous avons peine à retenir nos larmes. Heureusement, Mme Fauvarque est restée pour le moment du départ.  (Le père de Claire est dans la liste des otages quesnoysiens et part rejoindre son lieu d'internement dans la commune.)

.... Oh cette guerre !... Quelle triste soirée nous avons passée aujourd’hui, nous sommes allées dire un petit bonsoir à Madame Gervais Fauvarque-Richebé  ; nous partageons toute sa peine, elle ne peut pas aller à l’enterrement de son père qui a lieu demain, on est venu lui reprendre le passeport qui lui avait été donné pour Lille. La ville de Quesnoy refuse de faire des sacs, l’autorité allemande a pris 8 otages, de plus défense absolue de sortir de la ville. Les 8 personnes qui avaient été désignées pour aller à tour de rôle ont dû remettre leur passeport, on a repris tous les passeports qui avaient été délivrés. Au chagrin de ne pouvoir assister à l’enterrement de son père ajoute un ennui pour Mme Gervais (Marie Richebé mariée à Gervais Fauvarque – 24/02/1881 26/10/1962]  mariée le 3 octobre 1907) ; sa mère compte la voir demain, le commandant ayant promis le passeport depuis avant-hier. Que va-t-il se passer en ne la voyant pas arriver ? Dira-t-on encore que les Allemands ne sont pas des barbares ? Ils cherchent tout ce qui peut nous nuire davantage, c’est pourquoi, ils ont si bien choisi les otages. Ils sont cruels, puisqu’ils n’ont même pas pitié de la douleur, ils empêchent aux enfants d’assister à l’enterrement de leurs parents !....
Lundi 5 juillet 1915
 Des grenades éclatées hier soir, une est tombée sur l’estaminet de l’Orphion, au coin de la rue du Château. Cette maison est en partie démolie, il ne reste plus rien du 1er étage. Cette grenade a d’abord rasé la cheminée de la minoterie Reuflet, puis est venue éclater chez Delobel ; l’obus entre par la toiture et éclate avec fracas. Une personne qui se trouvait au 1er étage, n’a eu que le temps de descendre l’escalier. Des sacs qui avaient été déposées dans le grenier ont provoqué un début d’incendie. Une des grenades a éclaté dans le jardin de Mr Michel Fauvarque où l’on voit un grand trou dans la muraille.  (grenade = obus)
Lundi 12 juillet 1915
2 grenades éclatent encore dans le quartier, elles arrivent toutes les 3 minutes.  Les deux coups se suivent et arrivent de très près. Nous entendons les soldats courir dans la rue, peu de temps après, les autos de la Croix-Rouge passent et repassent, il y a des blessés. Un moment plus calme, nous invite à sortir. Mme Catteau part chez elle avec ses enfants, 30 minutes se sont écoulées sans grenade. Nous allons voir ce qui s’est passé. Plusieurs grenades ont éclaté dans le château de Paul Lepercq, la bonne est blessée ainsi qu’une ordonnance, une partie du château est détruite. Tout à coup, nous entendons le sifflement lugubre trop connu. 2 grenades arrivent presque en même temps, à la seconde, la maison est ébranlée. Cette fois, plus de doute, l’obus est tombé sur la maison, ce fracas épouvantable nous étourdit. De tous côtés, on entend crier : n’y a-t-il personne de blessé, nous nous répondons l’un l’autre que nous sommes encore en vie. Merci à Saint Michel. Les pannes, les vitres se brisent en tombant, en quelques secondes, une poudre jaunâtre a rempli toute la maison. La grenade est tombée sur le bâtiment des magasins. Nous ne pouvons rester ici plus longtemps, il faut fuir malgré le danger. Dans les cuisines basses, où nous nous sommes réfugiés, pénètre une odeur âcre qui pique à la gorge. Nous fuyons par la petite porte du jardin car la cour est remplie de débris et les pannes continuent de tomber. En sortant des cuisines, nous sommes aveuglés par un nuage de poudre, à peine voit-on encore la porte, on ne plus distinguer ce qui se passe autour de soi, enfin, après avoir cherché pendant quelques secondes l’endroit où doit se trouver le verrou, on parvient à ouvrir la porte et à se sauver. Ces minutes nous paraissent des heures tant nous sommes dans l’angoisse, si une grenade arrivait pendant que nous sommes dans la rue ! En courant, nous arrivons chez Mme Fauvarque. Quelle précipitation ! Un violent coup de sonnette nous fait ouvrir la porte. La bonne est étonnée de nous voir si effarées, elle ne se rendait pas compte que l’obus était tombé si près. Les uns après les autres, nous descendons à la cave où Mme Fauvarque est réunie. Nous sommes si émotionnés que nous nous expliquons très mal, nous ne savons que répéter : « Cette fois, c’est chez nous ! ». Un peu à la fois, aux détails que mère nous donne, on peut se rendre compte de ce qui s’est passé. C’est la dernière grenade qui a éclaté sur les magasins du côté du jardin, heureusement la cave (où père, mère et Mme Cuvelier  étaient à ce moment, n’a pas été percée par les éclats. Mère dit qu’elle a éprouvé une très forte commotion. Mme Cuvelier s’est sauvée ......

Une vingtaine de minutes se sont passées, sans grenade, mère veut rentrer à la maison pour voir ce qui s’y passe. Elle nous revient bientôt en nous disant que le feu a pris dans le grenier, heureusement père s’en est aperçu à temps, il a réclamé du secours, l’eau a eu vite raison de ce début d’incendie. Si la maison avait été abandonnée, elle était détruite par le feu.
Mme Fauvarque ne veut pas nous laisser partir, nous dînons chez elle dans la cave. Nous rentrons à la maison vers 2 h ½, père et Germaine ont passé la plus grande partie de leur temps à éteindre le feu, la cour est remplie de pannes et de vitres brisées, une poudre jaunâtre couvre tous les trottoirs.
Mercredi 14 juillet 1915
Vers midi ½ nous entendons éclater 2 shrapnells, nous sommes dans la rue quand le premier éclate, impossible de sortir de chez soi. Il est plus que l’heure de dîner, nous sommes encore à tabla quand une grenade éclate non loin d’ici, bien vite nous nous réfugions à la cave que nous de devrions plus quitter. A peine y sommes-nous entrés qu’un second obus arrive, il éclate un peu plus loin. Mme Fauvarque nous fait demander pourquoi nous n’allons pas chez elle, nous promettons d’aller lui dire un petit bonjour si cela est possible. 20 minutes se passent dans le calme, nous sortons de la cave, on nous dit qu’une grenade est tombée chez les Sœurs, il n’y a que des soldats blessés, les Sœurs et les orphelines ont été épargnées......

......Tandis que nous sommes dans la cave de
Mr Fauvarque, Mr Bodé arrive et nous dit qu’une grenade a éclaté sur la maison de Mr Bruneau, personne n’est blessé heureusement, les dégâts sont assez considérables. La chambre de Mr Bruneau et le cabinet de toilette sont endommagés.......

......Aujourd’hui le grand avion anglais est pour nous un oiseau de mauvaise augure, il nous annonce l’arrivée des grenades.
Mme Fauvarque veut bien rentrer chez nous à la condition de descendre à la cave. A peine y étions-nous de 10 minutes que 4 grenades arrivent coup sur coup. Beaucoup de personnes accourent dans la cave, heureusement Roger et Henriette arrivent, père est parmi les messieurs qui descendent en toute hâte. 4 grenades en moins de 5 minutes. Tout ce monde est fort émotionné, n’est-ce pas un bombardement qui commence ? Les coups sont fréquents et répétés ?...... Il faudra se résigner à ne plus quitter sa cave ou alors les accidents vont être nombreux. Mme Fauvarque veut rentrer chez elle, chacun regagne sa maison profitant d’un instant de répit. Vers 4h ½, le canon allemand se remet à gronder, nous partons chez Mme Fauvarque en recommandant à Roger de ne pas quitter la cave où il s’amuse avec un camarade. ....

.......Chez
Mme Fauvarque, on trouve tout le monde à la cave, les enfants y sont depuis onze heures, c’est là qu’on a servi le dîner. Un quart d’heure après notre arrivée, le sifflement lugubre se fait encore entendre, il est suivi d’un craquement épouvantable qui nous fait tous trembler. Et Père, Roger, Germaine sont restés à la maison qui est peut-être maintenant détruite !? La grenade a éclaté dans le quartier et bien près de nous. Et le canon allemand continue à gronder. C’est un véritable combat d’artillerie. 3 minutes sont à peine écoulées que nous sentons la maison s’ébranler, quelle commotion. A peine a-t-on entendu le bruit strident de la grenade qui arrive ! L’éclatement nous a abasourdis ! Nous n’osons formuler ce que nous pensons. Par le soupirail de la cave, je vois quantité de pannes tomber, une poussière épaisse emplit la rue, un moment, je crains que la grenade ne soit tombée chez Mme Fauvarque, ne voulant pas effrayer les enfants, je n’en fais la remarque qu’à Mme Gervais. La bonne vient nous dire que deux maisons voisines sont détruites, mais qu’elle ne peut pas bien distinguer si la grenade est tombée chez Mme Catteau ou chez Mme Fertin, un nuage de poussière et de poudre aveugle.....

......Où se réfugier avec tous ces petits enfants ? Ils sont 6, l’aîné n’a pas 7 ans, le plus jeune n’a que quelques mois.
Mme Gervais Fauvarque est épouvantée, ses enfants pleurent. Nous entendons descendre l’escalier de la cave, d’abord nous voyons arriver, un vieillard qu’on soutient, c’est Mr Achille Béhague puis Mr et Mme Herbaux Béague, Mme Fertin et sa fille. Ces personnes sont attérées et ne savent plus parler, elles ne savent que répéter : « Nous n’avons plus de maison ! ». Puis ce sont des pleurs et de tristes lamentations. Cette scène est inoubliable. A côté du vieillard qui chancelle et semble prêt à expirer, nous voyons les petits enfants de Mme Gervais, les uns sanglotant, les autres muets d’effroi ; nous sommes tous dans la plus profonde consternation. Pauvres gens ! Le vieillard a toujours en main la tartine qu’il mangeait au moment de l’arrivée de la grenade. Mme Fauvarque veut lui faire prendre un verre de vin, il préfère du café. Mme Fertin se trouve malade, elle a des battements de cœur, elle tremble et ne peut plus porter son verre à ses lèvres, son front est couvert de sueur, on craint qu’elle ne tombe bien malade ! Dans la cave, il fait très chaud et nous sommes nombreux, l’air manque !.... De la rue, nous ne recevons que de la fumée ; l’incendie prend des proportions effrayantes, c’est la maison de Mme Devroute qui brûle. Tout à coup, Melle Fertin se rappelle qu’elle a oublié dans sa cave les valeurs de Mme Delebecque. Malgré le danger, elle veut les retrouver. Ayant quitté sa maison après l’éclatement de l’obus, Mme Delebecque était allée dîner dans la cave de Mme Fertin et y avait déposé son argent et ses valeurs.

Mme Fertin les avait acceptées en disant : « Je n’en suis pas responsable, n’est-ce pas. Je puis être obligée de fuir, ma maison peut aussi être détruite ». Et comme Mme Delebecque avait expliqué qu’il était prudent d’avoir plusieurs sorties dans sa cave, car la poudre asphyxie. Mme Fertin avait fait communiquer sa cave avec celle de Mme Béhague. Elles y avaient été occupées toute l’après-midi. L’ouverture était à peine pratiquée, Mme Delebecque qui était à peine sortie de la maison que la grenade destructive arrivait. Et c’est par cette sortie que Mme Fertin et sa fille ont dû fuir. Melle Fertin est revenue, elle a en main le panier qui contient la fortune de Melle Delebecque. Melle Fertin explique que l’obus est entré par la toiture et a traversé le mur qui sépare les deux maisons, toute la toiture est enlevée, les dégâts sont considérables, dans les premiers étages, ces maisons sont inhabitables. Ces pauvres gens sont inconsolables, ils se trouvent sans abri.
Mme Fauvarque les rassure en leur disant que sa maison est la leur ; elle va faire préparer des chambres, on pourra au besoin mettre des matelas par terre pour une nuit. Demain, il est très probable qu’ils seront à la tête de la maison. Mme Fauvarque ne veut pas rester plus longtemps à Quesnoy, son mari est fort inquiet, il en deviendrait malade !

Mme Fauvarque Richebé
ne peut plus laisser ses enfants dans un aussi grand danger, d’ailleurs cette vie dans les caves leur est nuisible, de plus les scènes douloureuses qui ont rempli cet après-midi émotionnent ces enfants au point de les rendre malades. Cette vie n’est plus tenable. Le commandant délivrera-t-il des passeports ? Pourra-t-on sortir de Quesnoy ? Et les bagages qu’il faut apporter ? Quand pourra-t-on s’en occuper ? On n’ose plus remonter de sa cave. Mme Gervais a décidé de faire ses préparatifs de départ la nuit. Quelle fatigue après une journée comme celle-ci ! On n’arrive pas à éteindre le feu, on vient chercher de l’eau chez Mme Fauvarque, la grand-porte du magasin est ouverte. Je me hasarde à sortir de la cave, du magasin de Mme Fauvarque, le spectacle est affreux. La maison de Mme Devroute continue de brûler malgré les efforts des civils et des soldats qui font la chaîne pour procurer de l’eau. On a jeté des matelas des maisons voisines par les fenêtres, on sauve maintenant les meubles des maisons environnantes, le feu se propage.

Les soldats sont sur les toits, ils travaillent avec ardeur, plusieurs transportent meubles literies, la cour et les magasins de la maison en sont remplis. Mme Devroute vient d’apprendre que sa maison est en feu, elle arrive sur le lieu du sinistre. Quel désespoir ! Tout de suite, elle comprend qu’il ne lui reste plus rien : meubles, vêtements, literie, tout a été dévoré par le feu qui n’a rien épargné. Comment consoler pareille douleur ? On lui fait comprendre qu’elle doit remercier Saint Michel car ses enfants et elles ont la vie sauve, s’ils étaient dans leur maison, ils y trouvaient la mort la plus affreuse. Comme nous plaignons cette pauvre femme qui se voit en un instant privée de tout. Nous n’osons pas nous attarder sur la rue car le canon allemand gronde toujours et l’aéroplane survole encore Quesnoy malgré la pluie qui commence à tomber.

D’ailleurs quoique moins fréquentes les grenades arrivent encore sur Quesnoy, plusieurs ont éclaté bien près d’ici, tandis que les soldats sont sur les toits et que les civils portent de l’eau. Que de personnes en danger ! Les grenades passaient au-dessus de leur tête. Et pourtant il faut empêcher que le feu ne se propage, si le secours n’était pas arrivé aussi vite toute la rangée de maisons brûlait, heureusement la pompe à incendie se trouvait chez Mr Ghesquières messager.
Chez Mme Fauvarque, la citerne est vide, heureusement à la maison, il y a encore de l’eau et pourtant depuis le début de l’incendie. les 2 pompes sont mises en activité. Dès qu’on entend le sifflement de la grenade, tout le monde court dans la cave de la maison, plusieurs voisins s’y sont aussi réfugiés. Père avoue que, pour une fois, nous avons eu de la chance d’être secourus par les Allemands, sans leur aide beaucoup de maisons auraient été détruites par le feu. La bonne de Mme Fauvarque Richebé qui comprend assez bien l’allemand parce qu’elle est belge, a entendu un soldat un soldat crier a un de ses camarades qui se trouvait sur les toits : « Tu auras la croix de fer pour avoir si bien travaillé pour les Français ! ». Quelle drôle de situation ; c’est l’ennemi qui nous aide tandis que les alliés détruisent nos maisons !

....chez Mme Fertin, il y a eu un commencement d’incendie. Il est presque 8 heures et nous sommes toujours dans la cave de
Mme Fauvarque. ......

.....
Mme Fauvarque vient d’apprendre qu’un lillois, rédacteur d’un journal, a été arrêté ces jours-ci pour avoir caché des soldats français (dans le début d’octobre, après le bombardement de Lille). Ce monsieur vient d’être trahi par une couturière à qui la dame du rédacteur du journal avait refusé de l’ouvrage.....
Jeud 15 juillet 1915
Mme Fauvarque fait toutes les démarches pour quitter Quesnoy le plus tôt possible, elle aurait voulu partir aujourd’hui. Le commandant de place lu a fait comprendre que cela était impossible. Il veut bien donner un passeport pour Lille lui permettant de partir avec toute sa famille, mais il faut qu’elle soit certaine de pouvoir y rester, ce qu’il ne peut pas lui promettre. Quel ennui si les enfants de Mme Gervais devraient rentrer ce soir après avoir fait un voyage fatigant en ce moment. Avant de partir, il faut aller demander au gouverneur de Lille, la permission d’habiter dans la ville. Voilà que ce matin, alors que Mme Fauvarque s’apprêtait à partir, on lui dit qu’il n’y a plus aucune communication avec Lille. Les tramways n’arrivent plus à Quesnoy par manque de courant. Impossible de se procurer cette pièce indispensable, c’est encore un jour de retard. Quelques heures après, Mme Fauvarque est avertie qu’elle peut maintenant se rendre à Lille par le tramway. Déjà chez elle, on fait les préparatifs de départ, partout des valises et des sacs qu’on remplit de linge et de vêtements. Il faut penser à tout ! Que de choses à emporter, indispensables et absolument nécessaires ! Pour 6 enfants et 4 grandes personnes, il faut de nombreux bagages.

Mme Fauvarque
nous demande de bien garder toute son argenterie et ses cuivres. En quittant Quesnoy, elle abandonne 3 maisons, la sienne et celles de des fils. Chez elle, les bonnes seront toujours là, chez Mme Gervais Fauvarque Richebé se trouve la famille de Mr Philippe, qui s’y est réfugiée depuis que leur maison a été détruite par un obus, chez Mme Michel Fauvarque, la bonne a gardé la maison jusqu’à présent. Mme Gervais Fauvarque Richebé (épouse de Mr Gervais Fauvarque né en 1881) ne peut plus rester longtemps à Quesnoy, ses enfants deviendraient malades : ce long séjour dans les caves leur est nuisible. Nous sommes allés leur dire bonjour cet après-midi, les enfants sont fatigués, il n’est que 6 h et les enfants tombent de sommeil. Mme Fauvarque rentre de Lille, elle est munie des pièces nécessaires pour partir avec toute sa famille ; le départ est donc fixé à demain matin.

Mme Gervais Fauvarque
va passer une grande partie de la nuit à faire ses bagages. Que de personnes dans l’inquiétude et l’ennui !...
Vendredi 16 juillet 1915
Journée d’adieux, beaucoup de personnes quittent le quartier, que tout cela est triste !....

La famille
Fauvarque est partie dans la matinée, ce départ nous a beaucoup émotionnés. Depuis de longs mois, tous les soirs, nous allions chez Mme Fauvarque, c’était un des meilleurs moments de la journée. Plus que jamais en temps de guerre, on se rapproche de ses voisins, on partage les mêmes épreuves, on se sent plus fort quand on peut compter sur l’amitié des personnes qui nous entourent. Cette journée a été fort triste, est-ce à cause de ce départ ? Nous le croyons ; un grand vide se fait sentir. Mme Fauvarque et sa famille sont parties vers 10 h, nous sommes allés jusqu’au tramway pour les aider en prenant soin des enfants. La bonne a pleuré en les voyant partir, cette grande maison va lui paraître bien vide. C’est pour fuir que le petit Stanislas (dernier enfant de Mme Gervais Fauvarque-Richebé : né le 31 octobre 1914 – décédé le 20 janvier 2008 -) sort de sa maison pour la seconde fois. Depuis son baptême, il n’a fait aucune sortie, mais par contre, il est descendu bien des fois à la cave. Pauvre bébé ; il n’a que 7 mois ; c’est chaque jour, qu’il a entendu le canon la nuit de sa naissance, un combat épouvantable se faisait entendre. Que de tristes journées depuis, dont il n’a pas compris l’angoisse heureusement ! Ce bébé était vraiment gentil, il savait nous distraire même au moment du danger, le séjour à la cave ne lui faisait pas peur, il nous riait gentiment tandis que la mort nous passait au-dessus de nos têtes. Mme Fauvarque a offert sa maison à Mmes Herbaux, Fertin et leur famille (maisons détruites ou incendiées), toutes les chambres sont déjà occupées,.... 

.......Mme Fauvarque nous a proposé de faire communiquer les deux maisons en pratiquant une ouverture dans la cour, depuis longtemps déjà, elle aurait voulu qu’on fasse ce travail, nous avions toujours espéré que la guerre touchait à sa fin. Si le bombardement avait lieu, nous percerions une porte qui nous permettrait d’entrer plus facilement dans les caves de Mme Fauvarque.
Lundi 19 juillet 1915
A Lille, toutes les denrées alimentaires sont très chères, la viande est d’un prix plus élevé qu’à Quesnoy. Mme Fauvarque fait demander les boîtes de conserves et le lait concentré dont elle s’était approvisionnés au début d’octobre.
La rue du Beau Rang  en 1919 - La flèche indique le numéro 13. Sources: Archives municipales de Quesnoy - Fonds Léontine Lebrun
Sources: Carnets de guerre de Claire Doolaeghe