...Témoignages...
Témoignage de Mme Marie-Thérèse B. née Leeuwerck recueilli en février 2016 . Elle habitait au hameau du loup à Quesnoy sur Deûle

 J'ai connu Georgette Prévost, j'avais 10, 12 ans. Quand nous étions enfants, nous allions à l'école tous en groupe et c'était loin. Chaque fois qu'elle nous voyait, elle s'arrêtait avec son vélo. On habitait dans une des maisons qu'on appelait "de la Briquèterie" pas très loin du café du Grand Cabaret. On était une famille nombreuse. Je suis née en 1928 et elle était plus vieille que moi. Le souvenir que j'en ai, c'était sa gentillesse. On ne savait pas qui elle était et j'ai appris un peu plus tard où elle habitait. 

Parfois, avant la guerre, on voyait sa maman qui se promenait dans la rue avec une de ses filles à son bras. On a appris plus tard que cette fille était morte. (Raymonde Prévost née en 1913 décédée en 1939) 

Un jour, je suis allé chercher du lait à la ferme près de chez nous, accompagnée d'une petite fille du quartier. Georgette Prévost s'est arrêtée avec son vélo pour nous dire bonjour quand elle m'a vue. 

J'ai demandé à la petite fille:  
"Tu la connais ? 
- Oui, elle habite la maison à côté de l'épicerie qui est là-bas. La petite maison juste à côté car dans l'épicerie, ce n'est pas possible, c'est trop petit."

Un jour, un avion est tombé derrière chez nous, on était gosses, on n'a pas pris la route pour aller voir, on a traversé les champs. (Il s'agit du  chasseur américain P-47, en panne d'essence, duquel Milton Herman Ramsey venait de s'extraire avec difficulté pour sauter en parachute le 29 janvier 1944)  L'avion était tombé près la ferme Jonville. Les piquets de la pâture à côté prenaient feu et on regardait. Les Allemands sont arrivés avec les gendarmes et un monsieur plein de médailles nous a parlé :
" Vous avez vu le pilote ?" 
Avec un peu d'impertinence, je lui ai répondu : 
"Ben non, si on l'avait vu, il serait dedans." 

Comme ils nous ont dit que c'était dangereux et que ça pouvait exploser, ils nous ont dit de "de foutre le camp". Ils ont regardé avec leurs lunettes d'approche tout autour pour chercher le pilote. 

Quand on est rentré, Maman nous attendait, on s'est fait "rouspéter" car elle était très inquiète et elle nous disait la même chose : "Vous n'avez pas pensé au danger, ça pouvait exploser". 

Et puis un jour, alors que mes frères étaient sortis, maman m'a retenue et m'a dit : " Je vais te dire un secret, tu ne dois pas le raconter à personne, sinon les Allemands qui sont méchants, peuvent venir prendre papa. J'ai vu où était tombé le parachute. Derrière le pont de chemin de fer. Là, il a des gens qui ont ramassé le parachute et je ne sais pas ce qu'ils en ont fait. Tu ne dois pas le répéter à rajouté Maman." 

Une autre fois, il y avait un bidon d'essence qui était tombé. Un monsieur qui habitait une petite baraque, ce n'était pas une vraie maison, est allé le chercher dans les champs. Il a enlevé ses habits couverts de boue et il a caché le réservoir. Les Allemands sont venus, ils n'ont rien trouvé mais ils l'ont frappé et ont tué une vache ou un cochon qui lui appartenait.

De ce fait, on a pu avoir de la viande chez nous et c'était rare pendant la guerre. Pour Georgette Prévost, elle n'a pas cessé de dire : très très gentille. 

Elle a quitté Quesnoy en 1952.  

Témoignage de Mme Jean S. recueilli en mai 2017, hameau de la Petite Hollande à Deulémont

Son mari fut 43 ans premier adjoint au Maire de Deulémont. En étant jeune, elle a plus vécu sur Quesnoy sur Deûle car le hameau de la Petite Hollande  est situé plus près de cette dernière commune. Elle habitait alors la ferme de ses parents, dite Vermont, située non loin de la ferme où elle habite actuellement. C'était celle où habitaient alors Jules et Angèle Six-Fortrie parents de son futur mari Jean. 

Elle est allée à l'école à Quesnoy. Elle avait une amie, Melle Marie Rose Adrien, qui fut tuée près de Béthune lors d'un bombardement. Elle garde toujours précieusement, dans son livre de messe, l'image imprimée lors du décès de Marie Rose.
Souvenir qu'elle me confia provisoirement pour être numérisé. 
Au début de la guerre en avril mai 1940, les Anglais avaient installé un phare d'éclairage des avions pour faciliter les tirs de la DCA britannique, dans la prairie située à l'arrière de la ferme de ses parents. Les soldats anglais, tous jeunes, logeaient dans le grenier de sa maison. Des Allemands ayant repéré ce phare, sont venus le mitrailler.  

Puis, il y eut l'évacuation. Les parents qui avaient connu la guerre 14-18 sous occupation allemande, prirent peur et firent comme beaucoup : fuir l'armée allemande. Ils partirent avec leurs chevaux et un chariot en emmenant tout ce qu'ils pouvaient. Un de leurs voisins, Mr Abel Carton se refusa à le faire. Ils n'allèrent pas bien loin. A Béthune, les Allemands les doublèrent et ils rebroussèrent chemin.

Elle raconta que les Allemands chassaient dans la campagne. Les balles de fusils atteignirent et cassèrent les vitres d'une fenêtre de la maison de ses parents. Une institutrice, réfugiée de Dunkerque et qui habitait Tourcoing, se trouvait au même moment chez eux pour se procurer du ravitaillement. Elle s'en émeut : "Je connais l'Allemand et je vais aller les trouver". La négociation fut menée à bien et les soldats allemands revinrent avec de l'argent pour payer les réparations. 

Elle se souvint aussi très bien  des évènements du 29 janvier 1944.
 

Tout le quartier avait vu un parachutiste tombé juste derrière la ferme de Jules et Angèle Six, au bout de leur prairie clôturée de fils de fer barbelé derrière les bâtiments. Bravant l'interdit de ses parents, elle courut par le petit chemin à l'arrière de la ferme. Il rejoignait la petite route appelée chemin de la Petite Hollande. Elle traversa la route et , en passant sur le côté de la ferme de Mr et Mme Six, se dirigea vers le blockhaus et le champ clos situés à l'arrière des bâtiments. Elle vit le pilote
(Milton H Ramsey) enterrer son parachute et courir courbé vers le chemin de la ferme Ghesquière au lieu de se diriger vers la ferme de Mr et Mme Six. Il y avait une femme à vélo sur la route. Par moments, il rampait. Il entra dans la ferme Ghesquière.  

Elle revint à la ferme de ses parents pour y être grondée et punie. Son père fâché lui ajouta : "Tu vas nous faire arrêter".  

Il s'était donc caché dans la ferme voisine sous un escalier dans l'étable ou la grange. L'aviateur avait été ensuite pris en charge par cette dame en bicyclette, à s
a sortie de la ferme Ghesquière et ils se sont alors dirigés vers la ferme du moulin du Wynhem.
  

Il était temps car les patrouilles allemandes avaient commencé à circuler sur les petites routes du hameau. Tout le monde se barricada chez soi par peur des représailles et il lui fut interdit d'observer par la porte d'entrée de la maison pour voir  ce qui se passait dans le quartier.

Les portes furent donc fermées à double tour par les parents et tout le monde se replia nerveusement chez lui. La peur et l'angoisse montaient dans les maisons. Les Allemands redoublèrent alors leurs patrouilles et les véhicules militaires se firent plus nombreux. Les soldats devinrent de plus en plus nerveux et commencèrent à fouiller granges, remises et étables. Les maisons ne furent pas visiter, certains que les éventuels hébergeurs ne prendraient pas le risque de cacher le pilote dans l'habitation.  

Plus personne ne parla ensuite de ce pilote. Il y eut comme une chape de plomb pour taire ces évènements. A demi-mots, elle fit comprendre qu' il s'était passé quelque chose dans la ferme où Milton s'était caché et où beaucoup de gens avaient accouru.

Elle parla aussi d'un train militaire, fortement armé, qui circula très lentement sur la voie ferrée reliant Lille à Comines, avec des soldats marchant à côté le long des rails. Cela se passait au moment du repli de l'armée allemande fin août début septembre 1944.

Témoignage de Mr Roger D. Chemin des Bois à Quesnoy sur Dêule, recueilli en  juin 2017.

 Il a repris la ferme de Mr Bouillet avec son épouse. Mr Joseph Delevoye, son oncle, qui avait été fermier au hameau du chien, lui racontait qu'il avait été enrôlé de force en 1914 pour construire les blockhaus qui sont présents dans le secteur. 

Autour de chez lui, on en trouve dans le champ Catry (enterré), dans sa ferme, dans la pâture des frères Desreumaux, à la ferme Mille, Chez Jean Delepierre (2), Chez Grislain, près de l'ancienne ferme de Jean Paul Delobel juste derrière les serres de Bernard Delplanques. 

Mr Joseph Delevoye parlait d'une ligne de chemin de fer pendant la guerre 14-18  avec des petits wagonnets qui transportaient des obus et les amenaient le long de la ligne de front. Dès qu il eût acheté un tracteur et que le labour était ainsi plus profond, dans un de ses champs, il remontait parfois des gros cailloux probablement du ballast qui soutenait les rails de cette ligne. 

En 1939, un blockhaus a été démoli par explosifs entre la ferme de ses parents et la ferme Blondeau et les habitants du hameau sont allés chercher les blocs de béton pour renforcer les chemins. Un autres des blockhaus construit non loin de là a été enfoui dans le sol. Il fut difficile de le faire basculer dans le cratère qui avait été préalablement creusé pour l'enfouir. 

En 1940, il y avait des pièces de D.C.A dans les champs de la ferme Fauvarque, et, près d'une maison au hameau du Chien, un phare pour cette défense anti-aérienne avait été installé. Des avions sont venus en rase-motte le mitrailler. (A relier avec le témoignage précédent sur un phare identique pour la DCA installé au hameau de la Petite Hollande à Deulémont et qui fut également mitraillé par la chasse allemande) 

Alors que tout était prêt, la famille n'a pas évacué. A la dernière minute, son papa Louis, ancien combattant de la guerre 14 18 a jugé bon de ne pas partir. Beaucoup de fermiers du secteur avaient évacué et le bétail avait été abandonné. Son papa est allé traiter les vaches de son frère Henri. Les vaches meuglaient dans toute la campagne, faute d'être traites. La ferme d'Henri a été reprise plus tard par Mr et Mme Dujardin. 

Mr Roger D. a vu les Allemands arriver par la route de Linselles. Ils se sont installés dans un pâture de la ferme de son oncle Henri (Ferme Dujardin). Il y avait de nombreux chevaux et de nombreux canons. Ils sont allés se ravitailler en avoine dans la ferme de Mr Henri Mahieu (reprise plus tard par Mr et Mme Jean Paul Delobel). A leur arrivée, les soldats étaient corrects et cherchaient à se ravitailler en nourriture. Ils sont venus demander des œufs à la ferme des parents  en dessinant sur un bout de papier une poule et des oeufs. Son papa Louis leur fit comprendre qu'il avait une famille de quatre enfants et disposait de peu de moyens. Les soldats n'en prirent pas ombrage et repartirent calmement de la ferme.

Ils quittèrent le cantonnement improvisé mais les ponts sur la Deûle ayant été dynamités, notamment celui de Quesnoy, ils revinrent s'installer au même endroit. A partir de ce moment-là, les rapports furent beaucoup plus tendus et les soldats devinrent très nerveux. 

Il allait à pied à l'Ecole à Quesnoy depuis le hameau du "Château des Bois" situé loin du centre de la commune. 

Il avait deux sœurs : Elizabeth et Marie-Thérèse  qui travailla quelques temps à la ferme Delbarre à Quesnoy mais aussi dans la famille Desprez à Bondues (qui faisait du lin : culture ou commerce ?) . Elles reprirent la ferme familiale avec beaucoup de courage. Marie-Thérèse avait pris la charge de la maison au moment du décès de sa maman survenu trop tôt. 

Pendant la seconde guerre mondiale, une bombe est tombée derrière la ferme de Mr Gustave Mercier dans le champ cultivé par Mr Robert Crespel. Tout le monde s'est protégé. Six autres bombes tombèrent dans la pâture de la ferme Vandenabelle (Ferme Louis Lutun). Il ne fallait plus cultiver cet endroit. Après guerre, on vint les retirer avec beaucoup de difficultés. Selon lui , elles provenaient d'un bombardier qui avait été touché et s'était "débarassé" de ses bombes hors objectif. Un des fils d'un des fermiers disait : "On va travailler au trou à bombes." 

Il connaissait bien Mr Achille D'Halluin, il avait travaillé dans sa ferme quand il était jeune. Mr D'Halluin plantait beaucoup de haricots dans le secteur. Il se souvient du passage du corbillard emmenant le cercueil de Godelieve, sa fille, décédée en 1942 d'une leucémie. Le corbillard est passé devant l'estaminet du hameau du "Veau" tenu par Mr Capelier qui avait, lui aussi, perdu un jeune garçon.

Mr D'Halluin, ayant apprécié les services rendus par sa famille, avait marqué ce respect qui leur portait en aidant sa soeur Marie-Thérèse en intervenant auprès de la caisse agricole dont un des administrateurs était Mr Jérôme Dillies, cultivateur au grand cabaret.

(Je lui ai parlé de l'aide apportée à deux pilotes par Mme D'Halluin, épouse d'Achille et sa fille Godelieve : un pilote polonais de la RAF et un pilote de chasse américain. Il ne connaissait pas ces faits. Le dossier NARA "French Helpers" de la famille d'Halluin-Cau en précise les détails.) 

Pendant la guerre, il se souvient avoir écouté avec sa famille la radio et les émissions de Radio-Londres pour connaître l'avance des alliés. 
Un samedi, ils étaient partis chez des amis à Lille et il y eut le bombardement de Lille-Délivrance. Les dégâts furent monstrueux et ils allèrent les constater le lundi à vélo. Tout était démoli. Leurs amis ayant vu leur maison gravement endommagée sont venus loger pour quelques semaines dans le porcherie (nettoyée) de la ferme. 

Il se souvient aussi de jeunes hommes (avec leurs pelles) qui durent aller reboucher les trous des bombardements de l'aéroport de Bondues. (Edouard, mon père, fit partie du groupe de jeunes hommes qui effectua ce travail)

En 1944, une chambre de la ferme de ses parents servit deux ou trois jours comme infirmerie aux soldats anglais. Il se souvient avoir vu des infirmiers couper des pantalons avec des ciseaux pour soigner des blessures aux jambes. 

Mr Désiré Bouillet ancien propriétaire de sa ferme lui avait dit qu'un Anglais était venu se réfugier dans sa cave. (Année inconnue ?) 

Dans sa vie d'agriculteur, il se souvient de la caisse agricole (coopérative agricole ?) pour des achats groupés d'engrais ou produits où siégeaient également Mr Jules Lharminez et Mr Camille Dozier. Le président était Mr Auguste Leroy cultivateur au hameau du Cœur Joyeux. 
 
Allée centrale du cimetière de Quesnoy sur Deûle - Photo Jmd
Témoignage de Mme Francine D. recueilli en mai 2017

Son père Henri Vandermarlière avait en charge la maintenance du gazomètre construit près du silo, rue Foch, non loin du hameau de la justice. Il était employé à la compagnie du gaz et d'électricité. Outre la surveillance et la distribution du gaz, Il eut en charge la pose des premiers compteurs électriques après la guerre de 14-18 dans les  maisons de Quesnoy (bourg et hameaux) dans les années 1930.  (A noter que la lampe au gaz dans la maison de mes grands parents paternels éclairait encore la table de la cuisine où mon père faisait ses devoirs d'écolier et ce jusqu'en 1932)  

En mai 1940, toute la famille : Henri et Marie et leurs 4 enfants et probablement la mère de Marie (Jeanne Dubar) ont quitté Quesnoy et devaient rejoindre La Roche-sur-Yon. Destination donnée par la compagnie du gaz. Henri emprunta la voiture de son frère Maurice alors mobilisé et qui habitait Comines : une Renault avec une seule portière. Tout le monde s'entassa dans la voiture y compris Raymonde, l'épouse de Maurice et ses deux enfants Jacques et Jean Marie, en tout 4 adultes et 6 enfants dans la voiture. Henri prit le volant malgré qu'il n'avait pas encore son permis. Ses déplacements professionnels d'avant 1940 étaient faits en moto. La cohue était énorme sur les routes et ils n'allèrent pas bien loin. L'offensive allemande finit par les rattraper et les doubler. 

"A notre retour, toujours en 1940, les Allemands sont arrivés à Quesnoy en chantant par le gravier de Linselles. Lorsqu'ils sont passés devant notre maison, un soldat a frappé à une des fenêtres qui donnait sur la rue. Mon père est allé ouvrir et le soldat est entré dans le bureau et a pris tout ce qu'il a pu : piles, ampoules, lampes, matériel divers......"

"En 1942, 1943 (Date imprécise), un avion est arrivé en volant très bas et a mitraillé le sommet du silo. Des projectiles ont atteint la cuisine de notre  habitation." 


"Fin août 1944, lors du repli de l'armée allemande face à l'offensive des armées alliés, la maison fut réquisitionnée pour y loger des soldats. Toute la famille se réfugia alors à la cave. Pour y dormir, les soldats déposèrent de la paille dans toutes les pièces de la maison. "

Elle se souvient d'un soldat ou sous-officier qui parlait français et qui était extrêmement gentil. Il voulait revoir sa mère qui vivait en Suisse. Il répétait : "Pourquoi faire cette guerre ?". Par contre d'autres étaient extrêmement agressifs. 

D'autres maisons du quartier furent aussi occupées. 

Sur la" bombe" tombée au hameau du Pacau dans une mare appartenant à Mr Maurice Deman, il s'agissait en fait d'un obus.  Il en aurait été retiré  lors de la construction de la nouvelle caserne des pompiers. 
 
Probablement en relation avec le courrier de Monsieur le Maire de Quesnoy en date du 14 avril 1944 à Monsieur le Préfet qui indique les dégâts occasionnés par le chute d'obus de DCA non explosés lors de tirs d''essais effectués par l'Armée Allemande. Document retrouvé aux archives départementales du Nord.

 "Des obus non éclatés sont tombés dans l'agglomération de Quesnoy sur Deûle. Il n'y a eu aucune victime. Des dégâts matériels seulement ont été occasionnés aux immeubles suivants : 
1 La Caserne de Gendarmerie (dépendances)  Rue de Verlinghem
2 Habitation DUPONCHELLE - Rue de Verlinghem 
3 Habitation DELACHERIE - Eclusier  
4 Distillerie LESSAFFRE (Bâtiments de l'usine) 
5 Habitation SCHOUTTETHEN La belle Promenade  
6 Ferme FRETIN-DELMOTTE - La belle Promenade  
7 Propriété TESTELIN Henri (maison DILLIES) Le Pacau  
8 Habitation SIEUX Cyrille - Le Pacau". 

Témoignage de Mr Yves L. recueilli en mai 2017

Dans sa maison, dans le hameau du moulin de Wynhem. Un blockhaus fut construit pendant la première guerre mondiale à l'emplacement d'un moulin à huile (ou à blé). Il est le fils de Mr Henri Lebrun cultivateur à la ferme du Tilleul et qui fut le premier adjoint de Mr Albert Walquemanne ancien maire de Quesnoy. 

(J'avais rencontré son père Mr Henri L. le 20 janvier 1976 à propos de la correspondance qu'il tenait avec un ancien soldat allemand cantonné dans sa ferme pendant la première guerre mondiale. Cet ancien soldat était également en relation avec Melle Léontine Lebrun.)

La famille était composée de 7 enfants dont 5 garçons et 2 filles.
 

Avant guerre, la vie du quartier était souvent liée à de grandes fêtes religieuses. Pour la communion solennelle, les communiants passaient de ferme en ferme pour quelques piécettes : fermes Bonnel, Six, Cochez..... A la nouvelle année, la famille passait dans quelques fermes dont celle de Paul, Louis et Jeanne Cochez. Jeanne était bavarde et prenait beaucoup de temps pour faire le café (avec son filtre chaussette) et les enfants piétinaient en attendant "sagement assis" le passage du plateau de gaufres. 

En mai 1940, lors de la messe à l'Eglise de Quesnoy, un vent de panique s'empara des personnes présentes. "Les Allemands arrivent, il faut s'enfuir". Mr et Mme Lebrun et leurs enfants rentrèrent précipitamment à leur ferme, préparèrent rapidement quelques effets et emmenèrent de grandes boîtes de conserve de jambon (peut-être octogonales) et du pain. 

Mr Yves Lebrun semble attribuer les causes de cette panique aux souffrances subies par la population restée sous le joug allemand pendant la première guerre mondiale. 

Ils laissèrent la ferme à la garde d'une servante polonaise. 

Mr Henri L. en convoi de voitures avec son frère de Tourcoing, s'y greffa le laitier de Quesnoy sur Deûle (Mr Yves L. ne se souvient plus de son nom). Ce laitier avait emmené avec lui des lapins vivants qui étaient précieusement gardés près d'eux lors pendant les nuits passées dans les granges et pendant le couchage les lapins se promenaient entre tout ce petit monde.  

Pour le ravitaillement en essence, à l'aide d'un tuyau, ils siphonnaient dans les réservoirs des véhicules accidentés ou abandonnés au bord des routes. C'était le chaos total. 

Ils se dirigèrent vers la Normandie et la Bretagne et Mr Yves L. se souvient avoir été en classe en Bretagne. 

Ils revinrent à la ferme en août 1940 pour que Madame puisse accoucher de son frère cadet. Sur le chemin du retour, ils rencontrèrent des membres de la famille Loingeville dont les parents avaient autrefois une ferme au Pacau.(Pendant la première guerre mondriale Les Allemands construisirent un blockhaus dans la grange de la ferme Loingeville. Il servit d'abri pendant quelques heures en janvier 1944  à Milton H Ramsey) La famille fut installée dans le coffre de la voiture pour ne pas rentrer à pied. Depuis cette période, Yves  et  Emile sont restés amis. 

Les enfants reprirent le chemin de l'école à vélo tant qu'il y avait encore des pneus en bon état. En raison de leur pénurie, ils remplacèrent les pneus par des tuyaux d'arrosage accrochés sur les jantes par de petites pièces métalliques. Sur les pavés, le système était bruyant et fut vite abandonné, tant et si bien qu'ils durent se résigner à aller à l'école à pied. Comme il n'y avait pas de cantine, ils rentraient le midi chez eux et il ne fallait pas perdre de temps et être rapide, d'autant plus qu'il y avait parfois le catéchisme de onze heures trente à midi. 

A propos de la nourriture, Mr Yves L. fait un rappel sur la guerre 14-18. A la ferme, les vaches ayant été réquisitionnées, son père allait les traire la nuit pour avoir un peu de lait. 

Pour les distractions, ils allaient souvent pêcher dans l'étang de Mr Deman, cultivateur voisin. Des bombes étaient tombées pendant le conflit (Date inconnue ?) non loin de cet étang  (Etang situé derrière la nouvelle caserne des pompiers.Voir le témoignage précédent sur les dégâts occasionnés par la chute d'obus de DCA non explosés le 14 avril 1944 lors d'essais non loin de la commune)
 

Mr Deman, ayant eu ses chevaux réquisitionnés, s'en est vu prêter deux par son père dont la ferme en possédait cinq ou six.
 

Le pont principal ayant été dynamité en 1940, un pont provisoire avait été construit non loin de là. Régulièrement, il fallait aller livrer chez Mr Jérôme Dillies (en charge de cette mission pour Quesnoy) près du café du Grand Saint Georges, les quantités de nourriture demandées et imposées par l'occupant : œufs, viande, lait..... Ce transport se faisait à l'aide d'une petite charrette tirée par un baudet (âne ?). Le bruit de ses sabots sur les poutres en bois du pont avait abouti au fait que l'animal refusait obstinément de franchir l'ouvrage. Il fallait tout décharger et amener à pied toute la marchandise. 

A la libération, ils partirent avec l'âne et la charrette surmontée d'un drapeau français faire le tour de la ville de Quesnoy. 

Concernant le harnais et parachute de Milton H Ramsey (tombé non loin de sa ferme du Wynhem), il précisa qu' une rumeur avait circulé à l'époque : Milton avait enfoui son parachute dans le sillon d'un champ labouré et les habitants l'ont récupéré. Ils ne voulaient pas le brûler de peur que les allemands ne découvrent les parties métalliques du harnais. Ils ont donc placé le parachute dans le cercueil d'un homme décédé aux alentours du 25 ou 26 janvier 1944 à Comines Sainte Marguerite. Les soldats allemands ne pouvaient donc pas le retrouver.

Témoignage de Mme Bernadette H. recueilli en mai 2017

Elle se souvient bien de l'évacuation et ce, malgré son bas âge à l'époque (3 ou 4 ans) et du fait qu'elle devait se réfugier dans les fossés lors d'attaques par les avions allemands. Dans la voiture : Jean Marie et Jacques Vandermarlière, fils de Maurice (mobilisé) et Raymonde, ses parents, les quatre enfants d'Henri et de Marie et probablement la grand-mère. 

Un dimanche matin alors que sa sœur et son frère aînés (Michel et Francine) étaient à la messe, elle a vu le passage de prisonniers marchant en deux colonnes séparées, de chaque côté de la route. Les voitures et les camions militaires allemands circulaient au milieu de la chaussée. La colonne venait de Quesnoy pour se diriger vers Wambrechies. 

Elle se souvient d'une victime civile : Marie Rose Adrien (originaire de Quesnoy sur Deûle) qui a été tuée pendant cette évacuation. 

Lors du mitraillage du silo bâti près du gazomètre dont Mr Henri Vandermarlière avait la charge d'entretien, elle se souvient avoir traversé la cour très rapidement pour rejoindre la cuisine située à l'opposé de l'atelier où elle se trouvait. Avec les impacts des balles, des blocs de béton se détachaient du haut de la façade de ce silo et tombaient dans la cour de la maison ou sur le gazomètre. 

En 1944, elle se souvient aussi que son père, qui avait une moto pour ses déplacements professionnels, l'avait cachée dans des champs de betteraves de peur qu'elle ne soit "prise" par l'occupant qui se repliait. Ce même occupant ayant déjà fait main basse sur son vélo. 

Toujours dans ses souvenirs également de voitures allemandes stationnées dans la cour (probablement en 1944), avec des soldats qui la promenaient en brouette. 

Souvenir aussi  du retour des prisonniers à Quesnoy en 1946 : Henri et Michel......???...  et Mr Lefévère qui habitait au hameau de la justice. 

??? Deux noms notés : Robert Poncheau et Henri Knockaert....à l'école.....morts à la guerre ??? 
Témoignage de Mme Marie Agnés B.  recueilli en mai 2017

On habitait alors rue de Lille à Quesnoy. Mon père me dit de ne pas rester à la fenêtre : " Les soldats allemands peuvent te voir." Ils venaient de fusiller des personnes dans une maison de la même rue. 

En septembre 1944, lors du repli de l'armée allemande, des soldats allemands avaient tué d'une balle dans la nuque trois jeunes Résistants dans le jardin d'une maison de la rue de Lille. Deux de ces Résistants faisaient partie d'un groupe ayant organisé une embuscade rue d'Ypres à Wambrechies près de l'habitation de la famille Duthoit, horticulteurs. Le troisième avait été fait prisonnier à Wervicq-Sud et ramené à Quesnoy . Trois Résistants quesnoysiens seront également tués lors d''une attaque de harcèlement de même type, le lendemain face à la ferme Catry , rue du Fort à Verlinghem, et seront enterrés au cimetière de Quesnoy sur Deûle.  
Témoignage de Mr Marcel N.  recueilli en mai 2017

Concernant la guerre de 14-18, son grand-père et son père Augustin avaient évacué à Néchin en Belgique. Ils sont rentrés à Sainte Marguerite à la fin de la guerre, à pied, avec tout leur patrimoine contenu dans une brouette.

Son papa lui a indiqué la présence de prisonniers russes à Sainte Marguerite pendant la guerre 14-18. Prisonniers que les Allemands laissaient mourir de faim. 

 Ses parents habitaient une maison derrière l'usine Sucravoine. Le rythme du travail à l'usine était rythmé par le son d'une cloche et son papa l'a utilisée pour annoncer la fin de la guerre, le 8 mai 1945 à une heure différente des entrées et sorties des ouvriers, au grand dam de son épouse. 

Témoignage de Mr Guy M.  recueilli en juillet 2018

"Face au fort du Vert-Galant, pendant la seconde guerre mondiale à la limite des communes de Quesnoy sur Deûle, Verlinghem et Wambrechies, les Allemands avaient construit un pont en bois au-dessus de la Deûle. Il supportait le passage d'une voie ferrée à voie étroite. Ce pont fut dynamité lors du repli de l'armée allemande en 1944. La grange de la ferme de mes parents, située en contre-bas fut détruite lors de ce dynamitage."  

A quoi servait cette voie ferrée ?

Témoignage de Mr G. , ancien cultivateur, recueilli en mars 2015

Un parachutiste a atterri près de la ferme de la Grange au hameau des Magrés à Quesnoy sur Deûle. Il avait enfoui son parachute dans le sillon d'un champ labouré. Mr Achille Dhalluin aurait envoyé un ouvrier avec un cheval et un "banau" récupéré le parachute.   

La maman qui racontait souvent l'histoire du pilote amené à Tourcoing pleurait toujours lorsqu'elle en parlait. Son frère Pierre s'est marié avec une fille d'Heblinghem et il a repris une ferme dans le secteur. 


Témoignage de Mr Roger D. , ancien cultivateur, recueilli en avril 2015 (décédé depuis)

Il y avait classe le samedi, jour du catéchisme, et pour m'éviter de revenir à la ferme, ma mère me déposait le repas au bureau de poste de Quesnoy (Rue de la prévôté). C'est en revenant vers 13 H 30 qu'elle entendit le bruit d'un avion. "Tiens il fait un drôle de bruit cet avion-là....". Et elle le vit s'écraser derrière sa ferme.  (Il s'agit de l'avion de Milton H Ramsey)

Il y avait un grand trou dans le champ et les Allemands avaient mis un soldat pour qu'on ne s'en approche pas.  

Son  frère Henri se rendait la nuit sur les lieux du crash pour y prélever des parties métalliques et fabriquer des outils pour les cultivateurs (rasettes....). Il a également  fabriqué un dessous de plat avec une pièce en aluminium d'environ 5 à 6 mm d'épaisseur avec les initiales HD et une croix de Lorraine.